Tashfeen Malik et Syed Farook, soupçonnés d'avoir tué 14 personnes dans un centre de services sociaux, en Californie, menaient une vie de famille discrète et pieuse, selon leurs proches. Le couple, abattu par la police, avait une fille de six mois.
Tous deux presque trentenaires, Syed Farook et son épouse Tashfeen Malik, les deux tireurs présumés de la fusillade de San Bernardino en Californie qui a fait 14 morts le 2 décembre, s’étaient rencontrés sur Internet. Il y a six ans, Syed Farook s’était inscrit sur le site matrimonial indien Imilap.com sur lequel il se décrivait comme un "musulman de 22 ans vivant à Riverside et employé du service de santé de la ville".
"J’aime bricoler des voitures vintage et modernes, lire des livres religieux, sortir dîner, voyager parfois et m’exercer au tir sur cible avec ma petite sœur et mes amis dans mon jardin", indiquait le profil de cet Américain d’origine pakistanaise sans histoires.
En 2013, il rencontre sur un site de mariage Tashfeen Malik, une Pakistanaise ayant vécu de nombreuses années en Arabie saoudite, et l’épouse l’année suivante dans la ville sainte de La Mecque, où le couple s’était retrouvé pour effectuer le pèlerinage (hajj). Farook rentre ensuite aux États-Unis avec son épouse, qui obtient une carte verte durant l’été 2014.
Le 2 décembre 2015, les tireurs présumés, Syed Farook et Tashfeen Malik, vêtus de tenues paramilitaires et armés de fusils d’assaut et d’armes de poing, ouvrent le feu sur des collègues de travail rassemblés pour un repas de Noël auquel Farook participait. Après la tuerie, les deux assaillants tentent d'échapper aux forces de l'ordre au volant d’un 4x4 noir loué quelques jours auparavant et dans lequel ils seront abattus après avoir échangé plus de 100 coups de feu avec la police.
Trois autres engins reliés entre eux et actionnables à distance seront retrouvés dans le bâtiment visé, sans qu’ils aient explosé, tandis que douze engins explosifs artisanaux seront découverts au domicile du couple.
Tashfeen Malik, une femme au foyer adepte de l’EI
Comment expliquer ce passage à l’acte, considéré comme prémédité par les autorités ? Selon les derniers éléments de l’enquête, Tashfeen Malik avait fait allégeance au chef autoproclamé de l'organisation jihadiste de l’État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, sur sa page Facebook. Depuis, la tuerie a été requalifiée en "acte de terrorisme", et l'EI a déclaré que les deux protagonistes faisaient partie de ses "partisans".
Le mystère plane autour de Tashfeen Malik, cette "femme au foyer typique", comme la décrivent les avocats de la famille de Farook, Mohammad Abuershaid et David Chesley. "Peu d’éléments sont connus sur elle", indique Sébastien Vuagnat, envoyé spécial de France 24 à San Bernardino. "Personne ne la connaissait vraiment. Sa belle famille parle d’une jeune femme simple et réservée. Les enquêteurs se demandent si ce n’est pas elle qui a radicalisé son mari."
"Au retour de Farook aux États-Unis [en 2014, après son mariage, NDLR], le jeune homme n'était plus le même", a assuré un de ses anciens collègues, Christian Nwadike. "Je pense qu'il a épousé une terroriste", a-t-il déclaré à CBS.
Tashfeen Malik avait fait le choix "de ne pas conduire", ont précisé les avocats de la famille de Farook, et ne montrait pas son visage. Selon les règles observées dans cette famille "très traditionnelle", les hommes et les femmes ne s'asseyaient pas dans la même pièce.
Syed Farook, un homme discret incarnant "le rêve américain"
Syed Farook, de son côté, se rendait régulièrement à la mosquée. Mustapha Kuko, le directeur du Centre islamique de Riverside, que Farook avait fréquenté par le passé, a dépeint un fidèle "calme, secret et dévoué à l’étude du Coran". Un texte sacré qu’il avait appris par cœur, d’après un habitué de la mosquée Dar-Al-Uloom Al-Islamiyah de San Bernadino, où Farook s’était récemment rendu, cité par le "Los Angeles Times".
itNé à Chicago, ce fils d’immigrants pakistanais vivait "le rêve américain", selon ses proches. "Il était marié, il avait une fille, il avait gagné 77 000 dollars l'an dernier", a indiqué un jeune homme qui priait dans la même mosquée que lui.
Une personne polie, introvertie et solitaire, dont le frère est, d'après un responsable de la Défense, un ancien combattant qui a gagné des médailles durant la "guerre contre le terrorisme". Les deux hommes semblent toutefois avoir vécu une enfance émaillée de violences, d’après des documents relatifs au divorce de leurs parents, en 2006. Dans ces témoignages, la mère de Farook déplore une vie de famille chaotique et indique que l’un de ses deux fils avait dû la défendre contre son mari.
Le jour de l’attaque, la mère de Farook avait accepté de garder la fillette du couple, âgé de six mois, le temps que son fils et sa belle-fille se rendent à un rendez-vous médical.Ils ne reviendront pas.