
La France a mené en novembre des vols de reconnaissance au-dessus de la ville libyenne de Syrte, contrôlée par l'EI. Si les Occidentaux excluent toute intervention en Libye, ils s'alarment de la montée en puissance du groupe jihadiste dans le pays.
L'armée française a effectué des vols de reconnaissance, depuis son porte-avions Charles-de-Gaulle, au-dessus du territoire libyen en novembre. Notamment au-dessus du fief de l'organisation de l’État islamique (EI) à Syrte, d'après un dossier de presse diffusé, vendredi 4 décembre, par la présidence française.
Le porte-avions Charles-de-Gaulle, qui est parti le 18 novembre de Toulon (sud de la France), a "conduit une première phase d'opération les 20 et 21 novembre en Libye (deux missions aériennes dans les régions de Syrte et Tobrouk)", précise le dossier de presse à l'occasion d'une visite du président François Hollande sur le navire à propulsion nucléaire.
Missions de renseignement
Les missions aériennes ISR (intelligence, surveillance et reconnaissance) visent à collecter du renseignement sur des mouvements de combattants et des cibles potentielles. Le porte-avions français est désormais engagé dans des opérations contre l'EI en Syrie et Irak depuis le sud de Chypre, en Méditerranée orientale. Il poursuivra ensuite sa mission dans le Golfe.
D'autres vols de reconnaissance sont prévus. Ce sont des "missions de renseignement comme on en fait régulièrement quand on est dans une zone de crise", a-t-on indiqué de source militaire à bord du Charles-de-Gaulle.
"Ce sont des opérations frontalières pour récolter des informations et des renseignements, en particulier sur les mouvements terroristes", aussi bien l'EI que l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a-t-on ajouté de même source.
La montée en puissance de l’EI inquiète l’Occident
S’ils excluent pour l'heure toute intervention en Libye, les Occidentaux s'alarment de la montée en puissance de l'organisation jihadiste dans ce pays, une menace directe pour l'Europe et l'Afrique.
Leur intervention en 2011, sous l'égide de l'ONU, a conduit à la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi mais aussi à l'effondrement de l'État libyen et à la guerre civile, les milices rivales et les différentes tribus se disputant le pouvoir.
Profitant du chaos ambiant, et alors que l'attention du monde est focalisée sur la Syrie et l'Irak, l'EI s'est installé en Libye où il compte désormais 2 000 à 3 000 combattants, selon l'ONU, dont 1 500 rien qu’à Syrte, ville côtière à 450 km à l'est de Tripoli. Une source du ministère libyen des Affaires étrangères a exprimé sa crainte de voir "ce nombre augmenter dans le contexte des pressions que le groupe subit en Syrie et en Irak".
"L'EI a des visées stratégiques sur la Libye depuis longtemps et on constate désormais que de plus en plus de combattants (...) affluent vers Syrte au lieu de se diriger vers la Syrie", indique à l'AFP Mattia Toaldo, expert au Conseil européen des relations extérieures (ECFR).
Des responsables de l'armée loyale aux autorités reconnues, basées dans l'est, affirment aussi que la ville natale de Kadhafi est devenue une destination de choix pour de nouvelles recrues. "Syrte est désormais le centre (...) où les nouvelles recrues sont formées et initiées à l'idéologie de l'EI", a déclaré à l'AFP le commandant Mohamed Hijazi, porte-parole de l'armée du gouvernement reconnu dirigée par le colonel Khalifa Haftar.
Le Premier ministre français, Manuel Valls, a averti le 1er décembre que la Libye serait "incontestablement le grand dossier des mois qui viennent".
Avec AFP