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Corruption à la Fifa : huit des seize interpellés plaident coupable

Huit des seize hauts responsables de la Fifa interpellés jeudi en Suisse ont accepté de plaider coupable, dans l'enquête des États-Unis portant sur des soupçons de corruption. Une nouvelle journée noire pour l'instance internationale du football.

Le grand ménage  continue à la Fifa, où la corruption est, selon la justice américaine, d'un niveau "inconcevable" : seize nouveaux responsables, tous latino-américains, ont été inculpés jeudi 3 décembre, dont les deux vice-présidents arrêtés à l'aube à Zurich.

"À chacun des individus coupables qui restez dans l'ombre, en espérant être épargné par cette enquête en cours, sachez que vous ne passerez pas au travers et que vous n'échapperez pas à notre ligne de mire", a menacé la ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, lors d'une conférence de presse à Washington.

"Chacun des 16 nouveaux suspects est inculpé de racket organisé et d'autres infractions liées aux abus commis dans l'exercice de ses fonctions", a ajouté Loretta Lynch. Selon elle, "le niveau de trahison de la confiance dans cette affaire est véritablement révoltant et l'ampleur de la corruption présumée est inconcevable".

Fin mai, la justice américaine avait déjà mis en cause 14 personnes (dont neuf membres actuels ou anciens de la Fifa).

Huit des suspects interpellés ont reconnu leur implication dans le système de corruption à la Fifa visée par cette enquête aux États-Unis. Selon Loretta Lynch, les pots-de-vin qui ont circulé se montent à quelque 200 millions de dollars depuis 1991.

"Huit suspects ont accepté de plaider coupable pour leur implication dans le système de corruption que nous avons mis au jour", a déclaré la ministre, en précisant que cinq d'entre eux ne figuraient pas dans la première série d'inculpations lancée par les autorités américaines il y a six mois.

Un écho du 27 mai

Six mois après le début du scandale et les premières arrestations de responsables à Zurich, la Fifa a vécu donc une nouvelle journée noire. Comme le 27 mai, deux de ses vices-présidents, le Paraguayen Juan Angel Napout et le Hondurien Alfredo Hawit Banegas, ont été cueillis à l'aube dans leur luxueux hôtel zurichois Baur au Lac, à la demande des États-Unis. Ils participaient au Comité exécutif de l'instance.

Napout préside la Confédération sud-américaine (Conmebol) et Hawit dirige par intérim la Confédération d'Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (Concacaf), toutes deux au centre des soupçons. Ils se sont opposés à leur extradition vers les États-Unis.

"Ces cadres haut placés auraient été payés en échange de la vente de droits de marketing en lien avec la diffusion de tournois en Amérique latine et de qualifications pour la Coupe du monde", a détaillé dans un communiqué le ministère suisse de la Justice. La Suisse mène sa propre enquête parallèlement à celle des États-Unis.

Le football brésilien est également frappé de plein fouet par ces nouvelles inculpations. La justice américaine poursuit désormais l'actuel président de la Confédération brésilienne (CBF), Marco Polo Del Nero, et son prédécesseur Ricardo Teixeira, président de la CBF pendant 23 ans jusqu'à sa démission en 2012.

Dans un communiqué, la CBF a annoncé que Del Nero avait interrompu provisoirement ses fonctions pour "se consacrer à sa défense" devant le comité d'éthique de la Fifa "et la justice américaine".

Ces arrestations et inculpations ont totalement éclipsé les premières propositions de réforme avancées jeudi par la Fifa pour restaurer sa crédibilité.

Ironie du sort, c'était là l'objet de la réunion du Comité exécutif à Zurich. Autre hasard du calendrier, ces développements judiciaires interviennent au lendemain du cinquième anniversaire de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar, entachée de soupçons de malversation et au cœur du tourbillon qui secoue la Fifa.

Avec AFP