Syed Farook, l'auteur de la fusillade à San Bernardino, en Californie, était peut-être en contact avec des islamistes radicaux, selon des officiels américains. Les autorités explorent la piste d'une éventuelle attaque terroriste.
Qu’est ce qui a poussé un couple d’origine pakistanaise à tuer 14 personnes, mercredi 2 décembre à San Bernardino, en Californie ? Les motivations de Syed Farook et de son épouse Tashfeen Malik, les auteurs présumés de cette sanglante fusillade, demeurent inconnues, mais la piste terroriste est désormais prise très au sérieux par les enquêteurs américains.
Le FBI, qui dirige désormais l'enquête sur la tuerie, se refuse à parler officiellement de terrorisme mais constate le couple semblait "en mission". La perquisition effectuée jeudi au domicile des suspects a en effet permis de mettre en lumière le degré de préparation de leur attaque.
Un véritable arsenal
"Il s'avère que la police a découvert un véritable arsenal dans la maison", indique Sébastien Vuagnat, correspondant de France 24. Plus de 6 500 cartouches de fusils d'assaut et d'armes de poing ont ainsi été retrouvées au domicile, dans la voiture et sur le couple de suspects. "Le chef de la police a parlé d’une douzaine de bombes artisanales et de matériel pour en fabriquer d’autres. De fausses cartes d’identité ont également été retrouvées. La police n’écarte donc pas la possibilité que d’autres attaques étaient planifiées", affirme Sébastien Vuagnat.
itTrois autres engins explosifs reliés entre eux et actionnables à distance ont été retrouvés dans le bâtiment visé par les tueurs. Ils n'ont finalement pas explosé, a précisé le chef de la police. Les deux pistolets et deux fusils d'assaut avaient été achetés légalement, les premiers par Farook.
Syed Farook, qui a fait irruption avec sa femme Tashfeen Malik en tenue de commando dans un déjeuner de Noël des services de santé de San Bernardino pour lesquels il travaillait, "s'était semble-t-il radicalisé", a indiqué la chaîne de télévision CNN, citant des sources policières. Selon le "New York Times", citant des parlementaires informés de l'enquête, Farook avait été en contact "avec des extrémistes, aux États-Unis et à l'étranger il y a plusieurs années, mais pas récemment".
L'homme a été en contact avec cinq personnes sur lesquelles le FBI avait enquêté pour des soupçons de terrorisme, dont l'une liée aux islamistes somaliens Shebab et une autre au Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
Citant un haut responsable du gouvernement fédéral, le "Los Angeles Times" a indiqué de son côté que Farook était en contact avec plusieurs extrémistes présumés. Il se pourrait, selon la même source, que cet homme d'origine pakistanaise ait communiqué avec au moins une personne surveillée en raison d'un risque terroriste. Mais les enquêteurs ne disposaient pas de preuves que Farook était lié à un groupe terroriste en particulier.
Un couple sans histoire
Le couple, marié et parent d'un bébé de six mois, avait loué il y a quelques jours le 4x4 noir dans lequel il a tenté d'échapper aux autorités avant d'être tué par la police lors d'un échange de très nombreux tirs, à l'issue d'une course-poursuite qui a donné à San Bernardino, ville de 200 000 habitants à l'est de Los Angeles, des airs de zone de guerre.
L'homme et la femme, âgés respectivement de 28 et 27 ans, semblaient pourtant vivre le "rêve américain" et avaient une petite fille de six mois qu'ils avaient confiée à la mère de Syed Farook en début de journée, au prétexte d'un rendez-vous médical, a indiqué un beau-frère du jeune homme.
Farook, de nationalité américaine, avait travaillé comme expert sanitaire pour les services de santé de San Bernardino, une ville située à l'est de Los Angeles. Ce sont ses anciens collègues qui étaient réunis mardi pour ce déjeuner festif durant lequel une dispute a éclaté, à la suite de laquelle Syed Farook aurait quitté les lieux, pour revenir plus tard avec son épouse perpétrer le massacre.
Mais l'hypothèse du simple "coup de sang" ponctuel cadre mal avec l'attaque groupée, apparemment planifiée et organisée, par des auteurs que la police qualifie de déterminés. "Je ne crois pas qu'ils ont enfilé leur équipement paramilitaire et attrapé leurs armes sur un coup de tête", a jugé le chef de la police locale.
Pour essayer d’y voir plus clair, les enquêteurs concentrent leurs efforts sur les personnalités de Syed Farook et de Tashfeen Malik. Le premier était un fervent musulman, selon son père, la famille étant originaire du Pakistan. La femme, musulmane également, était née au Pakistan et a vécu en Arabie saoudite, où elle aurait été présentée à Farook.
"La famille semblait pratiquer une religion modérée, c'est-à-dire de façon sérieuse mais sans montrer de signes de fanatisme, d'extrémisme, d'après ce que je peux dire en ayant rencontré l'un de ses membres", a déclaré à la radio publique NPR Hussam Ayloush, un responsable du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) de Los Angeles.
À la date du 27 novembre, les États-Unis ont été le théâtre de 351 fusillades de masse en 2015, soit plus d'une par jour, selon le site Shootingtracker, qui recense tous les incidents de ce type.
>> À voir sur France 24 : la revue de presse consacrée à la fusillade de San Bernardino
Barack Obama a ordonné la mise en berne des drapeaux américains à la Maison Blanche et sur tous les autres bâtiments officiels des États-Unis "en marque de respect" pour les 14 victimes de la fusillade de San Bernardino qui constitue la pire tuerie menée depuis trois ans aux États-Unis.
Avec Reuters et AFP