logo

Fusillade de San Bernardino : Obama n'exclut pas la piste terroriste

Les enquêteurs ont trouvé 12 engins explosifs au domicile des deux suspects de la fusillade mortelle de San Bernardino. Les motivations de deux tireurs demeures inconnues. Selon Barack Obama, la piste terroriste est "possible".

Accès de rage contre des collègues ou attaque terroriste ? Barack Obama a déclaré, jeudi 3 décembre, que les motivations des auteurs de la sanglante fusillade perpétrée mercredi à San Bernardino, en Californie, demeuraient inconnues, tout en jugeant que la piste terroriste était "possible".

Les drapeaux américains en berne

Barack Obama a ordonné la mise en berne des drapeaux américains à la Maison Blanche et sur tous les autres bâtiments officiels des États-Unis "en marque de respect" pour les 14 victimes de la fusillade de San Bernardino qui constitue la pire tuerie menée depuis trois ans aux États-Unis.

"À ce stade, nous ne savons pas pourquoi cet événement terrible s'est produit, a déclaré le président américain depuis le Bureau ovale en présence de son Conseil de sécurité nationale. Nous savons que les deux individus qui ont été tués étaient équipés d'armes et avaient, semble-t-il, accès à d'autres armes à leur domicile. Mais nous ne savons pas pourquoi ils l'ont fait, nous ne connaissons pas leurs motivations."

Qu’est ce qui a donc poussé Syed Farook et son épouse Tashfeen Malik à commettre une fusillade dans laquelle 14 personnes ont trouvé la mort ? Pourquoi ont-ils fait irruption, avec tout l'attirail d'un commando, dans un bâtiment des services sociaux de San Bernardino, où se déroulait une fête de fin d'année, après avoir laissé leur bébé à la grand-mère ? C’est ce que les enquêteurs s’emploient à déterminer.

Des engins explosifs retrouvés au domicile des suspects

Lors d’un point presse tenu jeudi, le chef de la police de San Bernardino s’est en tout cas "bien gardé de parler de terrorisme", rapporte Sébastien Vuagnat, correspondant de France 24 en Californie. Il n’a même pas relayé la prétendue radicalisation des suspects en Arabie saoudite."

Plus tôt dans la journée, CNN avait indiqué que Syed Farook "était en contact téléphonique et via les réseaux sociaux avec plusieurs entités liées au terrorisme international".

it
Fusillade de San Bernardino : Obama n'exclut pas la piste terroriste

De fait, le chef de la police s’est uniquement attardé sur la perquisition effectuée au domicile des suspects. "Il s’avère que la police a découvert un véritable arsenal dans la maison", indique notre correspondant. Plus de 6 500 cartouches de fusils d'assaut et d'armes de poing ont ainsi été retrouvées au domicile, dans la voiture et sur le couple de suspects. "Le chef de la police a parlé d’une douzaine de bombes artisanales et de matériel pour en fabriquer d’autres. De fausses cartes d’identité ont également été retrouvées. La police n’écarte donc pas la possibilité que d’autres attaques étaient planifiées", affirme Sébastin Vuagnat.

Trois autres engins explosifs reliés entre eux et actionnables à distance ont été retrouvés dans le bâtiment visé par les tueurs. Ils n'ont finalement pas explosé, a précisé Jarrod Burguan. Les deux pistolets et deux fusils d'assaut avaient été achetés légalement, les premiers par Farook.

Le couple marié, parent d'un bébé de six mois, avait loué il y a quelques jours le 4x4 noir dans lequel il a tenté d'échapper aux autorités avant d'être tué par la police lors d'un échange de centaines de tirs, à l'issue d'une course-poursuite qui a donné à San Bernardino, ville de 200 000 habitants à l'est de Los Angeles, des airs de zone de guerre.

L'homme et la femme, âgés respectivement de 28 et 27 ans, semblaient pourtant vivre le "rêve américain" et avaient une petite fille de six mois qu'ils avaient confiée à la mère de Syed Farook en début de journée au prétexte d'un rendez-vous médical, a indiqué un beau-frère du jeune homme.

Farook, de nationalité américaine, avait travaillé comme expert sanitaire pour les services de santé de San Bernardino, une ville située à l'est de Los Angeles. Ce sont ses anciens collègues qui étaient réunis mardi pour ce déjeuner festif durant lequel une dispute a éclaté, à la suite de laquelle Syed Farook aurait quitté les lieux, pour revenir plus tard avec son épouse perpétrer le massacre.

>> À lire sur France 24 : "Fusillade de San Bernardino : les deux suspects abattus par la police ont été identifiés"

Mais l'hypothèse du simple "coup de sang" ponctuel cadre mal avec l'attaque groupée, apparemment planifiée et organisée, par des auteurs que la police qualifie de déterminés. "Je ne crois pas qu'ils ont enfilé leur équipement paramilitaire et attrapé leurs armes sur un coup de tête", a jugé le chef de la police locale, Jarrod Burguan. Leur attaque "suppose un certain degré de préparation", a-t-il ajouté.

La police de San Bernardino, tout comme le FBI, a pour l'heure refusé de confirmer ou écarter la piste terroriste, évoquant un acte s'assimilant à "un type de terrorisme intérieur".

Aussi les enquêteurs concentraient-ils leurs efforts jeudi sur les personnalités de Syed Farook et de Tashfeen Malik. Le premier était un fervent musulman, selon son père, la famille étant originaire du Pakistan. La femme, musulmane également, était née au Pakistan et a vécu en Arabie saoudite, où elle aurait été présentée à Farook.

"La famille semblait pratiquer une religion modérée, c'est-à-dire de façon sérieuse mais sans montrer de signes de fanatisme, d'extrémisme, d'après ce que je peux dire en ayant rencontré un de ses membres", a déclaré à la radio publique NPR Hussam Ayloush, un responsable du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) de Los Angeles.

Éléments symptomatiques du terrorisme

Marié depuis deux ans, le couple semblait profiter d'une vie stable, Farook ayant une bonne situation professionnelle. Alors qu'aucun lien n'a encore été établi par les autorités avec une quelconque idéologie ou religion, la communauté musulmane de Californie a en tout cas fermement condamné la fusillade.

>> À voir sur France 24 : la revue de presse consacrée à la fusillade de San Bernardino

Les investigations ciblaient aussi les circonstances de l'attaque, avec au moins deux théâtres criminels confiés à la police scientifique. "Sous un certain angle, il s'agit d'un employé frustré, qui s'est rendu à une fête et a pété les plombs, a commenté Shawn Henry, un ancien responsable du FBI. Sous un autre angle, on est frappé par des signes faisant penser à du terrorisme".

Et d'expliquer : "Quand on s'interroge pour savoir s'il s'agit ou non de terrorisme, il faut analyser le mode opératoire. Ici, ils avaient des fusils d'assaut, ils avaient des gilets pare-balles, ils avaient des engins explosifs. Ce sont des éléments symptomatiques."

À la date du 27 novembre, les États-Unis ont été le théâtre de 351 fusillades de masse en 2015, soit plus d'une par jour, selon le site Shootingtracker, qui recense tous les incidents de ce type.

Avec Reuters et AFP