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Élections régionales : des responsables économiques et culturels donnent de la voix contre le FN

Des représentants des milieux financier et culturel ont pris ces jours-ci la parole pour manifester ouvertement leur opposition au FN, à quelques jours du premier tour des élections régionales.

À quelques jours des élections régionales, et alors que certains sondages donnent le Front national en tête au premier tour avec 28 % des voix, à égalité avec les listes de droite classique, des acteurs des milieux économique, médiatique, culturel, clament publiquement leurs désaccords avec la formation de Marine Le Pen. Tour d’horizon de ces différentes prises de position.

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Dans "Le Parisien", le mardi 1er décembre, le président du Medef Pierre Gattaz, a ainsi tiré à boulets rouges sur le programme économique du FN. "Ce n'est pas un programme économique responsable. Il n'est tourné ni vers l'avenir, ni vers la compétitivité. On ne peut pas fermer les frontières. Le monde attend la France et ce n'est pas en nous recroquevillant sur nous-mêmes que nous allons y arriver", a martelé le patron des patrons.

Sans oublier, au passage, d’égratigner l’extrême gauche en renvoyant dos à dos FN et Front de gauche : "Quand je vois [le programme économique] du FN, qui ressemble à celui de l'extrême gauche, je ne suis pas d'accord. Extrême droite, extrême gauche, c'est la même chose : Mélenchon-Le Pen, même combat".

"No pasaran"

D’autres figures du patronat, et pas des moindres, suivent la même ligne. Notamment en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen est candidate face à Xavier Bertrand (Les Républicains) et Pierre de Saintignon (PS). Bruno Bonduelle, ancien patron de l’entreprise agroalimentaire familiale du même nom, dont le siège se trouve à Villeneuve-d’Ascq (Nord), a pris la plume début novembre pour dire sa crainte de voir le FN diriger sa région.

En début de semaine, dans une tribune du mensuel économique "Éco 121" intitulée "No Pasaran", cette figure des patrons du Nord, âgé de 81 ans, s’interroge : "Comment est-ce possible de prôner ainsi la fermetures des frontières alors que, transfrontalière, notre économie est immergée dans le monde, avec un salarié sur quatre qui travaille dans une entreprise aux capitaux étrangers, alors que nous vantons dans nos brochures ce carrefour ouvert aux quatre vents, notre école bilingue, nos succès à l’exportation ?"

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Dans cette même région, les médias ont aussi fait entendre leurs inquiétudes. "La Voix du Nord", le quotidien historique de la région, s’est engagé dans une campagne anti-FN. "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète", pouvait-on lire le lundi 30 novembre en une du journal, qui dresse une critique en règle du programme de la formation. Une prise de position qualifiée de "totalement scandaleuse" par Marine Le Pen.

"Neutralité ne signifie pas passivité"

Cela n'a pas empêché le quotidien de récidiver le mardi 1er décembre, en publiant un article fustigeant les dérapages et les faiblesses du personnel politique frontiste. Dans son édition de mercredi, "La Voix du Nord" s’est expliquée sur sa démarche inhabituelle dans une réponse détaillée aux très nombreux courriers envoyés par ses lecteurs.

"La neutralité ne signifie pas la passivité, ni que tout se vaut. La déontologie, qui rassemble les devoirs et droits d’une profession, n’empêche pas de donner son avis si cela est fait dans les règles, en particulier quand il est étayé et basé sur des faits. (…) Si nous pensons que quelque chose est néfaste (…), que des valeurs fondamentales sont remises en cause, nous considérons de notre devoir de le dire."

L'appel de plusieurs dizaines d'artistes

C’est enfin le monde de la culture qui s’est exprimé, mardi 1er décembre, dans les colonnes du quotidien "L'Humanité". Plusieurs dizaines d'artistes y ont lancé un "appel contre la politique culturelle du Front national". Le texte, signé notamment par le plasticien franco-algérien Adel Abdessemed, le peintre Christian Boltanski, le sculpteur Daniel Buren et la plasticienne Annette Messager, s'adresse à Marine Le Pen et dit n'avoir "aucune illusion" sur ses intentions à l'égard de la culture.

"Loin de tout patriotisme culturel, la liberté de création, c'est d'abord l'ouverture à l'autre, celui qui n'est pas moi mais qui est égal à moi, quelle que soit sa couleur de peau, sa nationalité ou sa religion", clament les artistes.

De son coté, le Syndeac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles) souligne dans un communiqué que "le Front national, par ses positions récurrentes, représente depuis longtemps un véritable danger pour notre secteur et plus largement pour les valeurs fondamentales de notre démocratie, comme pour le projet de société auquel nous souhaitons contribuer par les arts et la culture", prenant ainsi position sur les élections à venir des 6 et 13 décembre.

Le syndicat a publié un encart dans "Le Monde", "Libération" et "L'Humanité", dans lequel il souligne que "le Front national ne doit pas diriger une seule région française" et appelle "chaque citoyen à prendre sa part de responsabilité par le vote".