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Voyage en Antarctique, un continent menacé

Nous vous proposons un grand reportage exceptionnel au pôle Sud. Nos reporters ont embarqué à bord de l'Astrolabe, le navire polaire français, et ont suivi l'expédition de scientifiques venus mesurer les conséquences du réchauffement climatique en Terre-Adélie, sur le continent Antarctique. Leurs conclusions sont sans appel.

Il faut une semaine de voyage pour rejoindre l'Antarctique, le continent le plus isolé de la planète. Nous avons embarqué depuis la Tasmanie à bord de l'Astrolabe, un bateau scientifique qui sert à l'approvisionnement de la Terre-Adélie, la partie française de l'Antarctique. À bord, nous avons voyagé avec une quinzaine de scientifiques français qui partaient étudier les effets du réchauffement climatique.

Après cinq jours de navigation commence la partie la plus délicate du trajet, au milieu de la banquise fondue et des icebergs géants. Le capitaine français est en alerte permanente pour se frayer un chemin. Les paysages sont à couper le souffle : au coucher du soleil, la glace se pare de centaines de couleurs. Autour du bateau, les passagers aperçoivent des phoques et des manchots qui viennent pêcher.

L'Astrolabe est finalement resté coincé dans la glace, à une trentaine de kilomètres de la base française de Dumont d'Urville, du nom du premier explorateur français à avoir planté le drapeau tricolore en Antarctique, au XIXe siècle. Le déchargement de l'approvisionnent de la base doit se faire… par hélicoptère ! Nous arrivons donc par les airs sur la terre française la plus éloignée de la métropole. La base vit en totale autarcie la plus grande partie de l'année : elle possède une centrale électrique, un hôpital, mais aussi une poste et bien sûr des laboratoires scientifiques et météorologiques.

Les manchots en voie de disparition

Nous suivons un spécialiste des crustacés sur la banquise. Il doit percer des trous dans la glace pour aller pêcher du krill, des crevettes microscopiques qui sont la base de l'alimentation de tous les mammifères : manchots, phoques ou encore baleines. Si le krill venait à disparaître, c'est toute la chaîne alimentaire qui serait condamnée.

Les premières victimes du changement climatique, ce sont les manchots. Pour le constater, pas besoin d'aller bien loin : la station est construite près d’une colonie de manchots, le terrain d'études de l'équipe d'ornithologues de la base. Ici, il y a deux espèces, le manchot empereur, connu depuis le film oscarisé, et le manchot Adélie, une espèce découverte par les Français.

Et nous allons voir devant notre caméra les effets dramatiques du réchauffement climatique. Désormais, les températures en été dépassent régulièrement zéro degré - et il se met à pleuvoir au lieu de neiger. Pour les jeunes manchots, c'est une catastrophe : leur plumage n'est pas encore imperméable. Quand les températures chutent pendant la nuit, ils meurent en masse. Dans certaines parties du continent, comme la péninsule Antarctique, les manchots ont complètement disparu.

Au delà des bonnes intentions scientifiques, la France investit l'Antarctique car le continent pourrait bien devenir stratégique à l'avenir. Comme nous l'explique le chef de base, toutes les grandes puissances se positionnent dans la région, les nations historiques comme les États-Unis ou la Russie, mais aussi la Chine ou l'Inde. Car le sous-sol pourrait regorger de matières premières. Pour l'instant, les traités interdisent de forer, mais comme tout le monde le sait, ces textes ne sont pas éternels. Une menace supplémentaire qui pèse sur ce continent fragile.