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À la suite des attentats, les ONG privées de manifestations pendant la COP21

À la suite des attaques terroristes du 13 novembre, les autorités ont annulé les marches citoyennes organisées en France en amont et en aval de la COP21. Une mesure sécuritaire qui déçoit, mais n'entame pas la mobilisation des ONG.

La COP21 est maintenue, mais sans trompettes ni fanfares. À la suite des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, le gouvernement a décidé, mercredi 18 novembre, "de ne pas autoriser" les marches citoyennes pour le climat, initialement prévues en France le 29 novembre, veille de l’ouverture de la conférence internationale sur le climat, et le 12 décembre, au lendemain de la fin de la conférence. 

"La situation créée par les attentats odieux du 13 novembre et les investigations menées depuis" imposent que "les conditions de sécurité soient renforcées", a affirmé mercredi soir la présidence de la COP21. "Afin d'éviter tout risque supplémentaire, le gouvernement a décidé de ne pas autoriser les marches pour le climat prévues sur la voie publique à Paris et dans d'autres villes de France les 29 novembre et 12 décembre", a annoncé la présidence de la conférence.

Jeudi, dans un communiqué, la Préfecture de Paris a également annoncé qu’"en accord avec la Ville de Paris, toutes les opérations ‘Paris Respire’ des 21 et 22 novembre étaient annulées, sauf celles se déroulant Voie Georges Pompidou, au Bois de Vincennes et au Bois de Boulogne".

"La mobilisation citoyenne : exacte opposée du projet de Daesh"

Les ONG et militants écologistes, qui nourrissaient l’espoir de voir se mettre en place des solutions alternatives, sont plus que déçues par cette interdiction sans appel. Concrètement, les autorités ont récusé toute alternative, tel qu’un rassemblement dans un stade (de France, Parc des Princes, Charléty) ou l’ouverture d’un autre lieu fermé.

"Nous comprenons que les questions de sécurité soient une priorité, mais nous avons plus que jamais besoin de cette mobilisation citoyenne", déclare à France 24 Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie - Les Verts (EELV). "La Conférence climat est l’exact opposé du projet de Daesh [nom arabe de l’organisation de l’État islamique], qui nie l’humanité. Ces marches, ce sont des gens qui se rassemblent pour répondre ensemble à cet enjeu majeur", poursuit-il.

"Sans la mobilisation citoyenne, l’accord climatique – qui ne fait pas de doute – aura beaucoup moins d’impact. On ne peut pas laisser le terrain aux seuls diplomates. Ce serait un trop grand cadeau à faire aux terroristes, c’est les laisser gagner", poursuit le conseiller régional d’Ile-de-France.

La mobilisation citoyenne est en marche

Les ONG, qui attendaient plus de 100 000 participants pour la marche du 29 novembre, ne baissent pas les bras. "Nous sommes plus que jamais déterminés à faire entendre nos voix sur les questions de justice climatique", assure à France 24 Juliette Rousseau, porte-parole de la Coalition Climat 21. Pour ce mouvement qui rassemble plus de 130 organisations de la société civile, la tâche est de taille. "À dix jours de la première marche citoyenne, charge à nous de tout réinventer !", poursuit Juliette Rousseau, dont le débit de parole est à l’image de l’urgence dans laquelle elle se trouve.

La Coalition, qui prépare les événements citoyens depuis plus d’un an et demi, est à pied d’œuvre pour trouver les alternatives qui n’ont pas été envisagées par les autorités publiques. Dans son local de Montreuil, elle réunit, jeudi 19 novembre, artistes et activistes pour tenter de trouver des solutions. Elle donnera une conférence de presse vendredi matin pour présenter les nouvelles modalités de la mobilisation citoyenne.

"Le Mouvement est en marche, il existe. On ne peut pas accepter que la voix des peuples soit tue. Les populations ont des inquiétudes, des frustrations, il faut qu’elles soient exprimées. On ne reculera pas", tempête la militante. Elle rappelle que plusieurs centaines d’événements, débats et conférences sont maintenus pendant la COP21, de même que les 54 marches prévues un peu partout dans le monde. "La mobilisation citoyenne n’est pas une affaire française ou francilienne, c’est une mobilisation mondiale", ajoute—t-elle.