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Les Kurdes irakiens affirment avoir chassé l'EI de la ville de Sinjar

Au deuxième jour de l'offensive des peshmerga, le président du Kurdistan irakien a affirmé, vendredi, que la ville stratégique de Sinjar n'était plus aux mains des jihadistes de l'EI. John Kerry, de son côté, se montre plus mesuré.

C'est un revers pour les jihadistes de l'organisaton État islamique (EI). Au deuxième jour de leur offensive, les forces kurdes irakiennes ont pris le contrôle, vendredi 13 novembre, de Sinjar, une ville du nord de l'Irak contrôlée depuis août 2014 par l'EI, a annoncé le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani.

Dans le cadre d'une opération lancée la veille avec l'appui de la coalition internationale menée par les États-Unis, des combattants peshmerga sont entrés à pied, à partir du nord, dans la ville en proie à de vastes destructions.

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Les Kurdes irakiens affirment avoir chassé l'EI de la ville de Sinjar

"La libération de Sinjar aura un fort impact sur la libération de Mossoul", a déclaré vendredi Massoud Barzani, ajoutant que "Sinjar [avait] été libérée par le sang des peshmerga et fai[sait] désormais partie du Kurdistan". Des déclarations qui risquent de provoquer l'irritation du pouvoir central à Bagdad.

Plus prudent, John Kerry s'est dit de son côté "confiant" dans le fait que la ville de Sinjar soit libérée de l'EI "dans les prochains jours".

>> À voir sur France 24 : "Les Kurdes peuvent-ils reprendre Sinjar à l'organisation de l'État islamique ?"

Mahma Khalil, responsable kurde, a indiqué à l'AFP en soirée que "la situation sécuritaire [était] stable à Sinjar", ajoutant que "tous les combattants [de l'EI] [avaient] fui" la ville.

"Affecter la capacité de l'EI à se réapprovisionner"

L’accès qui mène à cette ville permet à l'EI de faire circuler du matériel et des hommes entre l'Irak et la Syrie. "En prenant Sinjar, nous serons en mesure de couper cette ligne de communication ce qui, nous croyons, affectera la capacité [de l'EI] à se réapprovisionner", a déclaré le colonel américain Steve Warren, porte-parole de la coalition. Et cela représentera "une première étape cruciale dans l'éventuelle libération de Mossoul".

La reprise de Sinjar, où les jihadistes se sont livrés en août 2014 à de multiples exactions contre sa population yazidie, des kurdophones, représenterait également une importante victoire symbolique. Des dizaines de milliers de Yazidis s'étaient réfugiés sur les Monts Sinjar, où ils ont passé des semaines sans eau ni nourriture, par une chaleur accablante. L'ONU avait dénoncé "une tentative de génocide".

Parallèlement, une coalition arabo-kurde syrienne, appuyée par les États-Unis, a chassé les jihadistes de l'EI d'une position clé qu'ils contrôlaient à la frontière avec l'Irak, a annoncé vendredi à l'AFP son porte-parole.

Dans une interview à la chaîne ABC diffusée vendredi, le président américain Barack Obama a assuré que les États-Unis avaient atteint leur objectif de "maîtriser l'élan" de l'EI en Irak et en Syrie.

Le groupe "ne gagne pas de terrain en Irak. Et en Syrie, ils vont, ils viennent, mais il n'y a pas d'avancée systématique de l'EI sur le terrain", a-t-il dit dans cet entretien enregistré jeudi.

"Paralyser l’ennemi"

La coalition a annoncé avoir mené mercredi 24 frappes dans le secteur de Sinjar et huit de l'autre côté de la frontière, dans la région syrienne d'Al-Hol.

L'EI s'est emparé depuis 2014 de larges pans de territoires au nord et à l'ouest de Bagdad, mettant en déroute les forces gouvernementales qui, fortes de l'appui de la coalition, tentent aujourd'hui de reprendre le dessus.

Cette offensive intervient par ailleurs au moment où l'EI est sous pression en Syrie, notamment depuis que la Russie a lancé des raids aériens en soutien au président Bachar al-Assad. L'opération "paralyse l'ennemi" qui "doit prendre maintenant des décisions très difficiles" sur les fronts qu'il doit renforcer, a estimé Steve Warren.

L'une des tâches qui attend désormais les forces kurdes est le désamorçage des engins piégés, une tactique utilisée par l'EI pour empêcher ses ennemis d'entrer dans une ville. Elles devraient aussi établir une "zone tampon" pour protéger la ville et ses habitants.

Avec AFP

Tags: Irak, Kurdes, Peshmerga,