Les enquêteurs ont affirmé dimanche être "sûrs à 90%" que le bruit enregistré par les boîtes noires du crash de l'Airbus A321 russe correspond à celui d'une bombe. De leur côté, les autorités égyptiennes refusent toujours de parler d'attentat.
Les zones d’ombre du crash de l’Airbus russe commencent à se dissiper. Les enquêteurs qui mènent les investigations sur l'accident de l’appareil survenu le 31 octobre dernier dans le Sinaï sont "sûrs à 90 %" qu'un bruit enregistré par les boîtes noires de l'appareil correspond à l'explosion d'une bombe, a déclaré dimanche 8 novembre à Reuters un membre du comité d'enquête.
Samedi, lors d'une conférence de presse, le président du comité d'enquête, Ayman al Moukaddam, avait déclaré qu'un "bruit" pouvait être entendu dans la dernière seconde de l'enregistrement des conversations dans le cockpit.
Mais il avait estimé qu'il était trop tôt pour en tirer des conclusions, alors que la thèse d'un attentat à la bombe est évoquée depuis plusieurs jours par les services secrets américains et britanniques pour expliquer la destruction de l'Airbus, à bord duquel ont péri 224 passagers et membres d'équipage, russes pour la plupart, le 31 octobre.
Une thèse "prise très au sérieux"
"Les analyses effectuées jusqu'ici sur le bruit sur la boîte noire indiquent qu'il s'agit d'une bombe", a déclaré ce membre du comité d'enquête égyptien, qui a souhaité garder l'anonymat. "Nous sommes sûrs à 90 % qu'il s'agit d'une bombe."
Prié d'expliquer quelle pouvait être l'hypothèse justifiant les 10 % manquants, il a répondu : "Je ne peux pas en parler pour le moment".
De son côté, Manuel Valls a déclaré dimanche qu'il ne fallait "écarter aucune hypothèse" s'agissant du crash de l'avion russe la semaine dernière dans le Sinaï, celle d'un attentat étant "bien sûr prise très au sérieux".
Le Caire résistait samedi à la thèse d'un attentat à la bombe dont s'est dit responsable le groupe jihadiste État islamique (EI). Le Royaume-Uni et les États-Unis ont ouvertement évoqué la piste d'une bombe à bord de l'avion de la compagnie russe Metrojet qui devait rallier Saint-Petersbourg. Et la Russie, qui semble avoir épousé cette thèse, a ordonné la suspension de ses vols civils vers l'Égypte.
Rapatriement en masse
La Russie a rapatrié 11 000 touristes russes au cours des dernières 24 heures, rapporte dimanche l'agence RIA, citant le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch. D'autres devraient être rapatriés dans la journée.
Environ 80 000 touristes russes se sont retrouvés bloqués en Égypte à la suite de la suspension des vols entre la Russie et l'Égypte, ordonnée vendredi par le président Vladimir Poutine jusqu'à ce que soient éclaircies les circonstances de l'accident de l'Airbus A321.
La Grande-Bretagne, dont 3 000 ressortissants attendent de rentrer, a dépêché sur place une équipe de 70 personnes, dont 10 experts aéronautiques devant travailler à l'aéroport de Charm el Cheikh pour faire en sorte que les mesures adoptées soient bien appliquées.
Londres appelle à une sécurité "maximale"
La sécurité dans les aéroports de la planète doit être "maximale" et "revue" en fonction des risques "locaux", notamment dans les zones où le groupe État islamique (EI) est "actif", a déclaré dimanche le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond.
"Nous devons nous assurer que la sécurité aéroportuaire partout dans le monde est à un niveau maximal et qu'elle reflète les conditions locales", ce qui signifie que "là où le niveau local des menaces est plus élevé, des niveaux de sécurité plus élevés seront obligatoires", a déclaré Philip Hammond dans un entretien avec la BBC.
Avec Reuters et AFP