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Des proches exhortent publiquement Bouteflika à prouver qu'il gouverne l'Algérie

Dans une lettre rendue publique vendredi, une dizaine de personnalités politiques et civiles ont pour la première fois émis de sérieux doutes sur les capacités du président algérien Abdelaziz Bouteflika à diriger le pays.

Pour la première fois, des proches du président Abdelaziz Bouteflika ont remis publiquement en cause les capacités du président à diriger le pays. Certains sont allés jusqu’à dénoncer un "climat général dégradé", et ont demandé à le rencontrer pour s'assurer de sa bonne santé intellectuelle.

Dans une lettre rendue publique vendredi, 19 personnalités parmi lesquelles l'ex- ministre Khalida Toumi, la sénatrice et célèbre combattante de l'indépendance Zohra Drif-Bitat, la députée trotskyste Louisa Hanoune, l'écrivain Rachid Boudjedra et d'autres partisans du chef de l'État ont ainsi demandé à rencontrer le chef de l’État. "Je connais très bien le président et je doute que certaines décisions soient de sa propre initiative", a affirmé Mme Toumi, qui a fait partie du gouvernement de 2002 à 2014, date à laquelle le président algérien a été réélu pour un quatrième mandat.

"Extrême gravité de la situation"

Les signataires de la lettre, transmise le 1er novembre au secrétaire particulier du chef de l'État, affirment vouloir "faire partager (à M. Bouteflika) (leurs) inquiétudes quant à l'avenir du pays et solliciter (ses) interventions sur l'extrême gravité de la situation".

Parmi les décisions récentes prises par Bouteflika, et qui ont suscité des inquiétudes, figurent le démantèlement des puissants services de renseignement et le renvoi de leur patron, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, en poste depuis 25 ans.

Pour le politologue Rachid Tlemçani, les signataires de la lettre "tentent de se repositionner dans le paysage politique car ils ont été écartés de la sphère décisionnelle ces derniers temps alors qu'ils avaient été pendant longtemps des clients du pouvoir".

Selon lui, ces personnalités veulent en fait avoir leur mot à dire dans la préparation de la succession du président Bouteflika, dont le mandat court jusqu'en 2019, alors que l'Algérie est "à la veille de profondes mutations politiques et économiques".

Bouteflika, âgé de 78 ans, a été victime en 2013 d'un AVC qui a affaibli sa mobilité et sa faculté d'élocution. Ses activités publiques sont devenues très rares et il n'apparaît à l'écran de la télévision officielle que lorsqu'il reçoit des invités étrangers.

Avec AFP