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Le Goncourt, prestigieux prix littéraire, a été décerné mardi à Mathias Énard pour son roman "Boussole", publié chez Actes Sud. Le prix Renaudot est quant à lui revenu à Delphine de Vigan pour "D’après une histoire vraie" (Lattès).

Le prix Goncourt, la plus prestigieuse récompense de l'édition francophone, a été décerné, mardi 3 novembre, à Mathias Énard pour son roman "Boussole" (Actes sud). L'auteur est couronné un an après Lydie Salvayre pour son œuvre "Pas pleurer" (Seuil).

Fasciné par l'Orient, l'écrivain de 43 ans, diplômé d'arabe et de persan, était l'un des favoris. Il a obtenu six voix.

Lutter contre l'image simpliste et fantasmée d'un Orient musulman et ennemi

Livre pour réhabiliter l'Orient, "Boussole" plonge le lecteur, le temps d'une nuit, dans les rêveries opiacées d'un musicologue viennois épris de l'évanescente Sarah. Franz Ritter, le narrateur, est insomniaque. C'est dans un état quasi hypnotique qu'il ressasse sa vie et ses obsessions, toutes liées à la musique et à l'Orient. "Essayons de respirer profondément, de laisser glisser les pensées dans un immense blanc, paupières closes, mains sur le ventre, singeons la mort avant qu'elle ne vienne", dit Ritter allongé dans sa chambre à Vienne, ancienne "Porte de l'Orient". Il est 23h30. Sa rêverie durera jusqu'à 06h.

Une des forces de ce roman ambitieux (et sa plus grande faiblesse) est son érudition, parfois pesante. Un des objectifs du livre, a expliqué en substance Mathias Énard, était de lutter contre l'image simpliste et fantasmée d'un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu'il nous a apporté.

Le prix Renaudot est revenu à Delphine de Vigan

La tragédie syrienne apparaît ça et là. "Les égorgeurs barbus s'en donnent à cœur joie, tranchent des carotides par-ci, des mains par-là, brûlent des églises et violent des infidèles à loisir, écrit Mathias Énard. Est-ce qu'Alep retrouvera jamais sa splendeur ? Peut-être, on n'en sait rien, mais aujourd'hui, notre séjour est doublement un rêve, à la fois perdu dans le temps et rattrapé par la destruction", ajoute-t-il.

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Le prix Goncourt décerné à Mathias Énard pour son roman "Boussole"

Trois ans après "Le Sermon sur la chute de Rome", de Jérôme Ferrari, ce sont à nouveau les éditions Actes Sud qui voient l'un de leurs romans distingué.

Annoncé dans la foulée, le prix Renaudot est revenu à Delphine de Vigan pour "D’après une histoire vraie" (Lattès). Elle était la seule femme en lice pour le prix. Son livre a déjà été vendu à plus de 107 000 exemplaires, un des meilleurs chiffres de la rentrée.

Avec AFP