Le 2 novembre 2013, les envoyés spéciaux de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, étaient enlevés puis assassinés près de Kidal, dans le nord du Mali. Deux ans plus tard, l’enquête est toujours au point mort.
C’était il y a deux ans, jour pour jour. Le 2 novembre 2013, les envoyés spéciaux de RFI Claude Verlon, 55 ans, et Ghislaine Dupont, 57 ans, étaient enlevés par des hommes armés puis assassinés non loin de Kidal, dans le nord du Mali. Leurs corps avaient été retrouvés par des militaires français, deux heures après le rapt. Le groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué leur assassinat.
Radio France internationale (RFI) a attribué la Bourse "Ghislaine Dupont et Claude Verlon" à Ando Rakotovoahangy, jeune journaliste, et Hanitriniony Jhons Marry Ralainarivo, jeune technicien radio, à Antananarivo, capitale de Madagascar. Il s'agit de la deuxième édition de cette Bourse, qui rend hommage aux deux reporters de RFI assassinés il y a deux ans jour pour jour à Kidal, dans le nord du Mali.
Depuis ce funeste jour, l’enquête ne semble pas avoir beaucoup avancé. Au printemps 2014, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour déterminer les circonstances du drame mais à ce jour, aucun juge n'a pu se rendre sur place pour enquêter. On ne sait toujours pas qui sont les meurtriers des journalistes, ni dans quelles circonstances exactes Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont été tués.
Déclassification en cours
Pour obtenir des réponses, les familles des victimes demandent au président de la République la déclassification des documents relatives à cette affaire. "L'engagement du président de la République sera tenu et la procédure de déclassification est en cours", a souligné mercredi 28 octobre, Stéphane le Foll, le porte-parole du gouvernement, sans fournir toutefois de calendrier.
Les familles espèrent que cela permettra de faire la lumière sur les circonstances précises de l'enlèvement et sur le rôle de l'armée française.
L'association "Les amis de Ghislaine et Claude" se bat également depuis un an pour connaître la vérité. Pourquoi les avoir tués ? Sont-ils réellement recherchés par tous les acteurs présents au Nord-Mali ? Ghislaine et Claude avaient-ils récolté des informations sensibles?", s’interroge régulièrement Pierre-Yves Schneider, porte-parole de l’association.
Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre des journalistes
À l'occasion de la "Journée internationale de la fin de l'impunité des crimes commis contre des journalistes", lundi 2 novembre, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé avoir rebaptisé symboliquement douze rues de Paris où se trouvent des ambassades, afin de rendre hommage à des journalistes assassinés, torturés ou disparus dans les pays concernés. À l'aide d'étiquettes autocollantes, la rue où se trouve l'ambassade du Mali a ainsi été rebaptisée "rue Ghislaine Dupont-Claude Verlon".
"L'idée c'est de rendre hommage à ces journalistes tués ou disparus. Mais surtout de rappeler aux États les obligations qui leur sont assignées par le droit international et les résolutions de l'ONU en matière de lutte contre l'impunité des crimes contre les journalistes", a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
"Plus de 90 % des crimes commis contre les journalistes dans le monde ne sont jamais élucidés", a-t-il déploré. RSF "dénonce l'inertie des autorités" dans ce domaine et "l'impunité dont bénéficient les auteurs de crimes contre les journalistes face à des enquêtes officielles inexistantes ou insuffisantes".
Ces dix dernières années, près de 800 journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions. Depuis le 1er janvier 2015, 48 journalistes ont été assassinés.