La première banque allemande s’apprête à effectuer l’une des plus importantes restructurations de son histoire. Pour faire des économies et améliorer sa rentabilité, elle licencie près de 10 % de ses employés et se retire de dix pays.
Suppressions de postes, fermeture de filiales, cessions tous azimuts... Le géant bancaire allemand Deutsche Bank, par la voix de son patron John Cryan, a esquissé, jeudi 29 octobre, une nouvelle version de sa stratégie pour 2020, synonyme de "temps difficiles".
"Tout ne sera pas tout sucre, tout miel", a annoncé l'ancien dirigeant d'UBS. Il aurait dû s’exprimer par téléphone depuis Londres, mais c'est en personne qu'il a finalement présenté au siège du groupe à Francfort la future stratégie du groupe. Une première apparition publique depuis sa prise de fonction début juillet qui sonne le glas pour des milliers d'emplois.
Ce sont 10 % des effectifs qui seront supprimés : 9 000 postes de salariés à temps plein, dont 4 000 en Allemagne et 6 000 postes de consultants externes ; 20 000 autres emplois doivent être supprimés via des cessions d'actifs ces deux prochaines années, notamment dans la filiale Deutsche Post.
Renouer avec les bénéfices pour être rentable
Car "à moins d'un miracle", la banque s'apprête à essuyer une lourde perte en 2015, a annoncé le patron de la première banque allemande. Pour le seul troisième trimestre, la perte atteint les 6 milliards d'euros, en raison notamment de fortes dépréciations et d'une nouvelle provision pour risques juridiques de 1,2 milliard d'euros. "Nos objectifs sont moins spectaculaires que par le passé, mais ils doivent permettre à Deutsche Bank" de renouer durablement avec les bénéfices, a-t-il assuré.
Une perspective à laquelle les marchés financiers n'ont pas adhéré. Le titre de l'établissement bancaire a plongé de 8% à 27,8 dollars, à l'annonce des résultats, entraînant avec lui la Bourse de Francfort.
Deutsche Bank s'apprête aussi à mettre un terme à toute activité locale en Argentine, au Chili, au Mexique, au Pérou, en Uruguay, au Danemark, en Finlande, en Norvège, à Malte et en Nouvelle-Zélande, ainsi qu'au courtage de certains produits financiers douteux.
Les dividendes 2015 et 2016 supprimés
Les bonus, très généreux par le passé, sont aussi menacés, a affirmé John Cryan sans donner davantage de détails à ce stade. Les actionnaires du groupe en auroquant à eux pour leurs frais, la banque ayant décidé jeudi de ne pas verser de dividende pour 2015 et pour 2016, une première depuis sa refondation après la Seconde Guerre mondiale, en 1952.
Au total, le groupe entend réaliser 3,8 milliards d'euros d'économie d'ici 2018, réduire drastiquement ses coûts annuels, tailler dans son bilan et améliorer sa rentabilité, en mettant notamment l'accent sur le numérique.
Ces annonces constituent la dernière étape d'une vaste refonte conduite par John Cryan depuis son arrivée à la tête du groupe. Une restructuration conduite au pas de charge.
Avec AFP et Reuters