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Yémen : un hôpital de MSF détruit par des frappes aériennes de la coalition arabe

Des frappes aériennes de la coalition menée par l'Arabie saoudite ont détruit un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) dans le nord du Yémen. Les installations ont été détruites mais aucune victime n'est à déplorer.

Un hôpital géré par Médecins sans Frontières (MSF) dans la province de Saada, dans le nord du Yémen a été touché par des frappes aériennes de la coalition emmenée par l'Arabie saoudite, a annoncé l'ONG ce mardi.

MSF a indiqué que son hôpital, situé dans le district de Haydan, avait été touché à plusieurs reprises lundi soir alors que des patients et du personnel se trouvaient à l'intérieur. Les installations ont été détruites et deux membres de l'équipe ont été légèrement blessés, a précisé l'ONG.

Interrogée au téléphone par l'AFP, une porte-parole de MSF, Malak Shaher, a déclaré qu'il n'y avait "pas de victimes".

"Même 12 heures après le raid aérien, j’ai pu voir de la fumée au-dessus de l’hôpital", a indiqué Miriam Czech, coordinatrice de projet MSF à Saada. Les salles d’hospitalisation, de consultations, la maternité, le laboratoire et la salle d’urgence sont détruits. C’était le seul hôpital encore fonctionnel dans toute la région d’Haydan".

"Par chance, la première frappe a touché le bloc opératoire alors qu'il était vide et que nos équipes s'affairaient dans la salle des urgences. Ils ont eu le temps de se mettre à l'abri avant qu'un autre missile ne touche l'aile de la maternité", a déclaré Hassan Boucenine, directeur de MSF au Yémen, joint par téléphone par Reuters.

L'ONG dénonce "un crime de guerre", l'ONU réclame une enquête

"C'était peut-être une erreur, mais le fait est qu'il s'agit d'un crime de guerre. Il n'y a aucune justification à viser un hôpital. Nous avons fourni (à la coalition) toutes nos coordonnées GPS il y a deux semaines environ", a-t-il ajouté.

Prié de dire si les avions sous commandement saoudien avaient bombardé l'hôpital "Hayadeen Medical", le général Ahmed Asseri, porte-parole de la coalition joint par courrier électronique a nié toute responsabilité.

Dans un entretien accordé à Vice News, Abdallah al-Mouallimi, l’ambassadeur saoudien à l’ONU a lui reconnu que le raid a bien été opéré par la coalition. Il a toutefois accusé l’ONG d’avoir fourni aux forces aériennes des coordonnées GPS erronées. "Les forces de la coalition ont essayé d’éviter le lieu indiqué par MSF, et ils visaient en réalité un endroit utilisé par les Houthis pour s’entraîner et stocker des munitions". Et de poursuivre en indiquant que l’hôpital "a été touché par erreur, à cause de MSF qui a fourni des coordonnées erronées de leur installation".

De son côté, Amnesty International, qui milite pour un embargo sur les livraisons d'armes aux pays de la coalition du fait de bombardements répétés de secteurs civils, a estimé elle aussi que le "bombardement apparemment délibéré" de l'hôpital pourrait constituer un crime de guerre.

À New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé une "enquête rapide, efficace et impartiale" afin d'établir les responsabilités. "Le secrétaire général appelle toutes les parties engagées dans le conflit au Yémen à cesser immédiatement toutes leurs opérations, y compris les frappes aériennes", selon un communiqué de son porte-parole.

Le 39e centre de soins touché dans le pays

D'après l'Unicef, cet hôpital est le 39e centre de soins touché dans le pays depuis le début de l'offensive aérienne sous commandement saoudien. "Davantage d'enfants au Yémen pourraient bien mourir d'un manque de soins et de médicaments que sous les balles et sous les bombes", a déclaré son directeur, Anthony Lake.

C'est la deuxième fois depuis le début du mois qu'un hôpital de MSF est touché. Le 3 octobre, des installations de l'ONG situées à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan, ont été bombardées par l'armée américaine, faisant 22 morts dont douze membres du personnel.

La coalition formée à l'initiative de l’Arabie saoudite mène depuis le 26 mars dernier des raids aériens contre les miliciens chiites houthis, afin de rétablir le président Abd-Rabbou Mansour Hadi dans ses fonctions. Les Houthis, soutenus par Téhéran, tiennent Sanaa, la capitale, depuis septembre 2014 et sont appuyés par des éléments de l'armée fidèles à l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh.

Le conflit yéménite a fait plus de 5 600 morts et aucune solution n'est en vue malgré les efforts de l'émissaire de l'ONU. Lundi, le gouvernement yéménite du président Abd Rabbo Mansour Hadi s’est dit prêt à des pourparlers avec les rebelles sous l'égide de l'ONU. Une première tentative pour réunir les parties yéménites autour d'une table de négociations à Genève avait échoué en juin.

Avec Reuters et AFP