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À Bonn, les négociateurs de 195 pays ont approuvé, vendredi, un texte de négociations pour la conférence sur le climat à Paris. Critiqué pour son manque de lisibilité, le document ne comporte pas d'avancées majeures sur le dossier des financements.

Dernier round de négociations avant la conférence de Paris sur le climat, la semaine de discussion qui s'est clôt vendredi 23 octobre à Bonn, en Allemagne, aura finalement abouti à un texte de négociations.

Illustrant l'urgence à combattre le réchauffement de la Terre qui va de pair avec la multiplication de phénomènes extrêmes, le délégué mexicain a lancé un appel émouvant à la tribune de la session de clôture des travaux, alors que l'ouragan Patricia menace son pays.

"Je ne pense pas que j'aie besoin d'en dire plus sur l'urgence d'un accord [sur le climat]. Je vous demande à tous de mettre de côté vos différences afin qu'ensemble nous puissions commencer à travailler", a déclaré Roberto Dondisch Glowinski, applaudi par la salle.

À quelques semaines de l'ouverture de la conférence de Paris (30 novembre - 11 décembre), cette dernière session de négociations aura permis de clarifier les positions sur quelques points, comme le suivi des engagements nationaux de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais très peu d'avancées ont été constatées sur des chapitres aussi sensibles que le financement des politiques climatiques des pays du Sud par les pays du Nord.

"Nous devrons travailler différemment à Paris"

Le document final, déjà critiqué pour son manque de lisibilité, n'en reste pas moins décevant. "Le texte n'est pas exactement ce que j'avais espéré pour le début de la conférence de Paris", a regretté la négociatrice française, Laurence Tubiana, en séance plénière.

"Si nous voulons transformer ce texte en accord juridique, nous devrons travailler différemment à Paris", a également affirmé le Pérou.

Les négociateurs avaient pour mandat de passer à la vitesse supérieure pour produire un texte concis, présentant clairement les grandes options à trancher à Paris. Mais très vite, ils se sont retrouvés confrontés au manque de temps, faute d'avoir entamé de vraies négociations au cours des trois précédents rounds de pourparlers qui se sont tenus cette année.

"Sur beaucoup de dossiers, nous sommes encore loin de l'objectif", a notamment déclaré dans la journée Elina Bardram, qui dirige la délégation de la Commission européenne.

Les pays en développement contestent les financements

Alors que les financements des mesures pour maintenir la hausse du thermomètre sous la barre des +2°C figure parmi les principaux points d’achoppement des discussions, les négociateurs ont dû retravailler une mouture qui avait été amputée de propositions-clé.

Ces coupes ont provoqué une bronca des pays en développement, furieux de ne pas y retrouver leurs revendications : par exemple l'objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement mondial, ou encore la garantie du financement de leurs politiques climatiques par les pays riches.

Les pays du Sud voudraient voir garantie une augmentation des aides pour les projets climat à partir de 2020, date d'entrée en vigueur de l'accord, et exigent que les financements de ces projets viennent s'ajouter et non se substituer à ceux prévus par l'aide au développement.

Les pays développés souhaitent que les pays émergents les plus prospères fassent partie des contributeurs, que soient comptabilisés les financements privés et que les aides au développement soient conditionnées à des investissements "bas carbone".

Autre sujet de discorde entre les participants : les objectifs à long terme qui devront être établis à Paris et notamment l’objectif d’une limitation du réchauffement climatique à 2°C. Des pays comme les États insulaires réclament une limitation à 1,5°C. La révision à la hausse des engagements des États ainsi que la répartition des efforts sont autant de points sur lesquels les divergences perdurent.

"Réchauffement irréversible"

Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique pour les ONG, résume sur France 24 l’enjeu de la conférence de Paris : "S’il n’y a pas d’accord ce sera vraiment un échec très fort pour la diplomatie française mais aussi un échec pour le climat. On sait que si on dépasse les 2°C, on peut avoir une montée du niveau des mers d’un mètre, […] une baisse de la production de céréales au niveau mondial, moins de poisson parce qu’une acidification des océans. À Paris, par exemple, on va avoir plus de 40 jours par an de canicule".

"Les pays en développement ont besoin que Paris soit un succès, il n'y a pas d'alternative. Pour les pays en développement, le changement climatique est une question de vie ou de mort", souligne de son côté Nozipho Mxakato-Diseko, représentant de l'Afrique du Sud qui s'exprime au nom de plus de 130 pays en développement et de la Chine.

Avec AFP et Reuters