envoyé spécial à Twickenham (Royaume-Uni) – À 41 ans, Jérôme Garcès sera le seul Français sur la pelouse de Twickenham, samedi soir. À l’occasion de Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud, le Béarnais deviendra surtout le premier arbitre français à officier dans le dernier carré d’un mondial.
Une petite alerte musculaire avait failli le contraindre au forfait avant même le début de la Coupe du monde de rugby 2015. Il sera finalement le dernier Français sur la pelouse, lors des demi-finales de ce mondial de l'ovalie. Lui, c'est Jérôme Garcès, 41 ans, porte-étendard de l'arbitrage français sur cette édition historique, puisque trois des 12 centraux sélectionnés sont issus de la formation française (Romain Poite et Pascal Gaüzère complètent le trio).
Le Béarnais, qui s’est vu confier le sifflet de Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud, sera le tout premier Tricolore à connaître les honneurs d’un dernier carré. L’accomplissement, ou presque, d’une ascension inéluctable pour cet ancien joueur en junior, dont la carrière fut rapidement brisé par une fracture du scaphoïde.
Il n’avait toutefois pas attendu la blessure avant de se tourner vers le sifflet et, dans la droite lignée d’un paternel lui aussi arbitre, il officiait déjà régulièrement chez les jeunes. Avec un certain talent, puisqu’en 2006, à tout juste 33 ans, il intègre le "pool" des arbitres du Top 14. Une rapide ascension pour Garcès, qui découvre ainsi l’élite du rugby français.
En 2010, il devient le cinquième arbitre professionnel français et quitte son autre job, chez un fabricant de turbines à gaz situé à Bordes, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le tournant de sa carrière. Le Béarnais officie désormais chaque semaine dans le championnat français et va rapidement se faire remarquer, notamment par Joël Jutge, patron de l'arbitrage national à l'époque.
Un coup du sort
Ce n'est que quelques mois après cette intronisation qu'il goûte pour la première fois aux joutes internationales. Le 13 mars 2011, Romain Poite, au sifflet pour Angleterre-Écosse lors du VI Nations, sort sur blessure. Garcès, alors cantonné à la touche, le remplace au pied levé et signe ainsi ses grands débuts sur la pelouse de Twickenham. Une prestation qui lui permet d'intégrer dans la foulée le groupe des sept juges de touche de la Coupe du monde 2011. Il est également propulsé au rang de réserviste en cas de défection d'un des arbitres principaux.
La suite de sa carrière est d’une implacable logique. En 2012, l’organisation du Tournoi des VI Nations lui confie la direction d’une rencontre entre l’Angleterre et l’Italie. Une première. Au plan national, les instances lui font également confiance. Le 1er juin 2013, il est le 31e homme sur la pelouse du Stade de France, qui accueille la finale du Top 14 entre le Castres Olympique et le RC Toulon.
Dans la foulée, il est convié dans l’hémisphère sud par Joël Jutge, devenu patron des arbitres de la Fédération internationale. Le natif de Pau dirige deux rencontres du Four Nations (le tournoi qui réunit les nations du Sud) et gagne son billet pour la Coupe du monde 2015.
Deux ans plus tard, force est de constater que l’ascension de Garcès n’a pas faibli. Même s’il s’en défend fort naturellement dans les médias, l’élimination précoce des Bleus a fait le bonheur d’au moins un Français. Le XV de France étant hors course, si le Béarnais brille en demie, il aura toutes ses chances pour être désigné au sifflet de la finale. De quoi donner enfin ses lettres de noblesse à un arbitrage français longtemps resté au second plan.