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Ivry-sur-Seine décerne la citoyenneté d'honneur à Marwan Barghouti

Marwan Barghouti, l'ex-chef du Fatah en Cisjordanie, emprisonné en Israël, est devenu citoyen d'honneur de la ville d'Ivry-sur-Seine. Au grand regret de l'Association culturelle des Israélites pour qui le leader palestinien est un "meurtrier".

La ville d’Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne, a décerné jeudi le titre de citoyen d’honneur au leader palestinien emprisonné Marwan Barghouti.

Son épouse, Fadwa, qui le repésentait, a été très chaleureusement accueillie dans le hall de l’hôtel de ville d’Ivry. Elle était accompagnée de la représentante française de l'Autorité palestinienne, Hind Khoury, et de  l’avocate et écrivain Gisèle Halimi.

"Nous avons été bouleversés par la guerre à Gaza, et la décision de faire de Marwan Barghouti un citoyen d’honneur de notre ville est née de notre volonté de trouver un débouché politique à notre émotion", a déclaré à FRANCE 24 le conseiller municipal Hervé Rivière affilié aux Verts à l’origine de l’initiative.

Ivry n’est pas la première ville de France à accorder ce titre au leader palestinien. Valenton et Stains, deux autres villes de la périphérie parisienne dirigées par des maires communistes, avaient précédé Ivry, soulignant ainsi la solidarité traditionnelle entre le Parti communiste français et le peuple palestinien.

Pour la plupart des personnes présentes, Marwan Barghouti, condamné cinq fois à la prison à perpétuité, peine qu’il purge dans les geôles israéliennes, est, aux yeux de son avocate Gisèle Halimi, l’un des seuls négociateurs aptes à relancer le processus de paix au Proche-Orient.

À deux reprises, elle a réussi à tromper les autorités israéliennes pour voir son client en prison. "Si les Israéliens veulent faire la paix, ce que je ne crois pas du tout, ils feraient tout pour le libérer de prison et qu’il négocie avec eux", affirme-t-elle.

Politique locale, affaire internationales

Après plusieurs discours élogieux à l’égard de l’ancien dirigeant du Fatah en Cisjordanie, les conseillers municipaux d’Ivry ont organisé un vote, plutôt une formalité au vue de l’écrasante majorité de gauche, avant de décerner à Marwan Barghouti la citoyenneté d’honneur. Pourtant, le conflit israélo-palestinien n’a pas tardé à ressurgir.

Un représentant de la droite, Bruno Castelnau, a pris la parole pour lire une lettre de l’Association culturelle des Israélites d’Ivry. Pour elle, Marwan Barghouti est un "meurtrier". Elle menace de ne plus assister aux activités auxquelles participe la municipalité, y compris les commémorations de l’Holocauste.

L’association a également organisé une pétition en ligne sur son blog. Ni l’association ni la synagogue n’ont souhaité commenter l’affaire.

Un silence gêné, puis plusieurs exclamations étouffées ont suivi la lecture de la lettre. Interrogée sur l’incident, la représentante palestinienne Hind Khoury a insisté sur le fait que la lutte n'était pas d'ordre religieux mais politique. "Elle doit être comprise ainsi", a-t-elle ajouté.

Travailler avec la communauté juive

Lors d’un entretien accordé à FRANCE 24, le directeur de cabinet du maire, Laurent Jeannin, a admis que les relations avec la communauté juive étaient tendues depuis le mois de mars, date à laquelle la possibilité de remettre une distinction à Marwan Barghouti a été évoquée pour la première fois.

"La contradiction, c’est que nous nous entendons très bien au niveau local. Mais dès que nous abordons le sujet de la responsabilité israélienne dans le conflit [israélo-palestinien], ça bloque", observe Laurent Jeanlin.

Les Verts ont avoué ne pas avoir consulté la communauté juive avant de suggérer le nom de Marwan Barghouti comme citoyen d’honneur. "Nous avons lancé une invitation, affirme Hervé Rivière. Nous attendons toujours la réponse".