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Trafic d'ivoire : les éléphants du Mali menacés par les activités jihadistes

Depuis le début de l’année, 20 % des éléphants qui peuplent le centre du Mali ont été tués pour alimenter le trafic d’ivoire, selon les Nations unies et des ONG. Une recrudescence du braconnage liée aux activités jihadistes dans la région.

Ils ont réussi à s’adapter aux difficiles conditions du désert mais leur existence est aujourd’hui menacée par le braconnage. Depuis le début de 2015, près d’un cinquième des éléphants vivant dans le centre du Mali ont été tués pour alimenter le trafic d’ivoire. Le braconnage n’est pas un phénomène nouveau dans la région de Gourma mais l’activité connaît depuis plusieurs mois une inquiétante progression, qui pourrait s'expliquer par la présence de groupes djihadistes dans la région.

L'organisation Wild Foundation estime que 90 pachydermes ont été tués depuis la fin de 2014, soit environ 20 % des 350 mammifères recensés dans la région par la Minusma, la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, qui a mené une opération sur le terrain au début de ce mois.

"De 2007 à aujourd’hui, les éléphants ont été évalués à 344, mais aujourd’hui on ne sait plus combien ils sont", indique un responsable malien des Eaux et Forêts, cité dans un communiqué de la Minusma.

Une espèce rare d’éléphants

Les savanes s’étirant du bassin du Nil jusqu’aux côtes d’Afrique de l’Ouest ont longtemps abrité des dizaines de milliers d’éléphants. Ces dernières années, leur nombre n’a cessé de diminuer du fait des actes de braconnages et de la dégradation de leur habitat naturel. On n’en dénombre plus que 7 000 aujourd’hui, dont certains sont génétiquement très éloignés des pachydermes vivant dans le sud du continent.

Ceux de la région de Gourma sont connus pour être les plus gros d'Afrique et les seuls éléphants nomades au monde. Pour survivre, ils font chaque année un circuit d'un millier de kilomètres du nord du Mali à la frontière avec le Burkina Faso voisin.

Des patrouilles de l’armée ?

Une recrudescence des actes de braconnage que la mission de l’ONU soupçonne être liée aux activités des groupes jihadistes sévissant dans le pays. "On a des suspicions. Notre piste privilégiée, c’est que les braconniers sont liés aux groupes armés terroristes. Ils participent au financement de ces groupes au travers du trafic d’ivoire. Ça peut être à la fois la population locale et aussi des personnes venant de l’extérieur du Mali", a confié à RFI Sophie Ravier, responsable environnement pour les Nations unies au Mali.

Alertées par l’ONU et des organisations de défense des animaux, les autorités maliennes ont décidé de déployer 50 gardes forestiers supplémentaires dans la zone de Gourma. Un premier pas encourageant, mais dans une région où les fonctionnaires sont la cible régulières des combattants islamistes, certains réclament le recours de l’armée.

"Il y a besoin de patrouilles. Il y a eu plusieurs études de faites et quand il y avait des patrouilles des forces armées maliennes dans les endroits où les éléphants se déplacent, ça réduisait le braconnage. Donc l’idée serait de préparer des patrouilles régulières, pour à la fois réduire l’insécurité dans la région et le braconnage", préconise ainsi Sophie Ravier.