
Israël a convoqué lundi l’ambassadeur de France au ministère des Affaire étrangères. La veille, l’État hébreu n’avait pas apprécié la proposition de Paris d'une présence internationale sur le site sensible de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem.
L'ambassadeur de France en Israël, Patrick Maisonnave, a été "convoqué" lundi 19 octobre au ministère israélien des Affaires étrangères. Le diplomate était attendu dans la matinée, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère, sans donner de raison officielle à cette assignation. Tout laisse à croire que cette convocation fait suite à la proposition de la France d'une présence internationale sur le site ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Une proposition qui a provoqué l’ire du pays, l’État hébreu allant même jusqu’à accuser Paris de "récompenser le terrorisme". "En reprenant à son compte les fausses accusations lancées par les dirigeants palestiniens sur le changement du statu quo sur le mont du Temple [le nom donné par les juifs à l'esplanade des Mosquées, NDLR], le texte proposé par la France récompense le terrorisme que les Palestiniens ont initié", a affirmé dans un communiqué le ministère israélien des Affaires étrangères.
Rencontre Netanyahou-Kerry
Sur le terrain, les violences ne cessent pas. Dimanche, un Palestinien armé d'un couteau et d'une arme à feu a tué un militaire israëlien dans la gare routière de Beersheba, au sud du pays, avant d'être lui même abattu. Au cours de cette même attaque, un Érythréen a trouvé la mort. Il avait d'abord été atteint par balles par un agent de sécurité israélien qui l'avait pris par erreur pour un assaillant, avant d'être frappé à mort par la foule en colère alors qu'il se trouvait au sol.
Depuis le 1er octobre, les violences qui s'enchaînent sur un rythme quotidien en Israël et dans les Territoires ont entraîné la mort de huit Israéliens et d'au moins 41 Palestiniens, dont plusieurs auteurs d'attaques au couteau et à l'arme à feu.
Les efforts diplomatiques pour endiguer ces violences et éviter le déclenchement d'une nouvelle intifada se mettent timidement en place. Cette semaine, le secrétaire d'État américain John Kerry a confirmé qu'il rencontrerait en Allemagne le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, puis qu'il se rendrait au Proche-Orient pour s'entretenir avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
Un mur à Jérusalem-Est
La vague d'attaques à l'arme blanche et à l'arme à feu sème l'anxiété et parfois la panique chez les Israéliens. Des lieux publics habituellement fréquentés sont restés largement déserts dimanche à Jérusalem et les forces de sécurité ont été déployées en masse.
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À Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte annexée par Israël, la police israélienne a entamé dimanche la mise en place d'un mur, présenté comme temporaire, censé protéger un quartier de colonisation d'attaques lancées depuis un quartier palestinien voisin, selon un photographe de l'AFP. Le mur, qui doit atteindre 300 mètres de long, selon une porte-parole municipale, porte des inscriptions en hébreu indiquant "barrière de police temporaire et mobile".
À Tel-Aviv, la municipalité a interdit l'accès des écoles aux employés chargés de l'entretien et du nettoyage pendant les heures où les élèves sont présents, par crainte des attentats. La mesure concerne "aussi bien les (employés) juifs que les arabes", a indiqué un porte-parole. Les Arabes israéliens (17,5 % de la population), citoyens israéliens largement solidaires des Palestiniens, représentent une bonne part du personnel non-enseignant.
"Grande inquiétude"
La communauté internationale, comme les responsables israéliens et palestiniens, a paru largement impuissante face à un mouvement principalement conduit par de jeunes Palestiniens exaspérés par l'occupation et la colonisation. Dimanche, le pape François a dit suivre "avec une grande inquiétude la situation de tension et de violence qui afflige la Terre sainte".
Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier les règles régissant l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam également vénéré par les juifs. Ce "statu quo" autorise les juifs à se rendre sur l'esplanade à certaines heures, mais leur interdit d'y prier. Les musulmans peuvent y prier à toute heure, mais sont régulièrement soumis aux restrictions de la part des Israéliens qui contrôlent l'accès à l'esplanade.
Les Palestiniens accusent Israël de vouloir modifier le "statu quo", ce dont Benyamin Netanyahou s'est encore défendu dimanche.
À Paris, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dimanche à l'appel de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) pour soutenir Israël et son "droit à se défendre" face aux attaques "terroristes" palestiniennes.
Avec AFP