
La Turquie a estimé vendredi que le plan d'action de l'Union européenne pour endiguer le flux des migrants sur son sol, n'était qu'un "projet". Ankara a par ailleurs jugé que le financement de ce plan était "inacceptable".
Le plan d'action que l'Union européenne (UE) a affirmé avoir trouvé avec la Turquie pour endiguer le flux des migrants sur son sol ne semble pas convaincre Ankara. Vendredi 16 octobre, le ministre turc des Affaires étrangères, Feridun Sinirlioglu, a estimé que ce plan d’action actuel n'était qu'un "projet".
Devant la presse, le ministre turc a ajouté que le montant de l'aide financière proposé par Bruxelles à Ankara dans le cadre de ce "plan d'action commun" était d'ores et déjà "inacceptable".
itUne aide "substantielle et concrète"
Recep Tayyip Erdogan a indiqué vendredi pour sa part que l'Union européenne avait mis bien trop de temps à réaliser l'importance du rôle d'Ankara dans la crise des migrants et a accusé les dirigeants européens de manquer de sincérité quand ils évoquent l'adhésion de la Turquie au bloc des Vingt-Huit. "Ils (les Européens) l'ont désormais compris. Pendant les discussions que j'ai eu la semaine dernière à Bruxelles, ils ont accepté ce fait : rien ne peut se faire sans la Turquie."
Le chef de l'État turc, auquel les Européens demandent de réduire le flot de migrants en renforçant le contrôle aux frontières et en augmentant les capacités d'accueil sur son territoire, a de son côté indiqué très clairement qu'il ne ferait pas preuve de souplesse en la matière. "La sécurité et la stabilité de l'Occident et de l'Europe sont liées à notre sécurité et notre stabilité", a déclaré le chef de l'État turc en marge d'une conférence à Istanbul.
Lors du sommet de Bruxelles, les dirigeants européens se sont engagés à redonner une impulsion aux négociations sur la candidature de la Turquie au bloc européen, sans préciser comment. Ils ont aussi évoqué une aide "substantielle et concrète" qui sera apportée à la Turquie, sans en fournir le montant.
"Depuis combien de temps crions-nous dans le vide?"
La chancelière allemande Angela Merkel, qui s'entretiendra avec Recep Tayyip Erdogan dimanche à Istanbul, a indiqué que le chiffre de trois milliards d'euros demandé par les Turcs avait été discuté. "Nous avons dépensé huit milliards de dollars (pour les réfugiés) jusqu'à présent. Combien la communauté internationale nous a-t-elle donné pour cela? Seulement 417 millions de dollars", a rétorqué le président turc vendredi.
Un porte-parole de l'AKP, le parti du président turc, a de son côté déclaré vendredi qu'aucun accord n'avait encore été conclu avec l'Union européenne sur l'aide de trois milliards d'euros sur laquelle les dirigeants européens ont dit s'être entendus dans la nuit avec la Turquie, et que les discussions à ce sujet se poursuivent.
Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois ironisé sur le fait qu'il avait fallu la photo du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage de Bodrum cet été, pour que les Européens se réveillent et commencent à faire leur introspection. "Très bien, mais depuis combien de temps crions-nous dans le vide ? Nous avons en Turquie 2,2 millions de Syriens. Il y a 300 000 Irakiens", a-t-il dit.
Quelque 600 000 migrants arrivés en Europe
Plus de 600 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe en passant par la Méditerranée en 2015, et plus de 3 100 sont décédés ou portés disparus, a annoncé vendredi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Cette année, au total, plus de 613 000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée : près de 34 720 personnes ont rejoint la Grèce et quelque 137 000 autres l'Italie, selon l'OIM.
D'après le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), un peu plus de la majorité de ceux qui arrivent sont des Syriens. En Grèce, les Syriens représentent 69 % des arrivées.
Avec AFP et REUTERS