Les conclusions de l'enquête néerlandaise, rendues publiques mardi, attestent que le vol MH17 avait été touché par un missile BUK tiré depuis une zone contrôlée par les rebelles pro-russes, dans l'est de l'Ukraine. Moscou dément.
Quinze mois après le crash du vol MH17 dans l'est de l'Ukraine, les enquêteurs néerlandais ont publié mardi 13 octobre leurs conclusions sur la cause du drame qui a coûté la vie à 298 personnes en juillet 2014. Sans désigner de responsables, l'enquête établit que l'appareil avait été abattu par un missile BUK de fabrication russe, tiré depuis une zone contrôlée par les rebelles séparatistes pro-russes. Le missile a percuté le cockpit de l'appareil sur la gauche, a encore précisé l'enquête.
Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, n’a pas manqué l’occasion de pointer du doigt les services secrets russes. "Je n'ai aucun doute sur le fait que c'était une opération planifiée des services secrets russes pour abattre" l’avion, a-t-il lancé mardi en ouvrant le conseil des ministres.
De son côté, Almaz-Anteï, le constructeur russe des systèmes de défense antiaérienne BUK a contesté les conclusions de cette enquête internationale. Il assure - étude de balistique à la clé - que le missile a été tiré depuis les territoires contrôlés par l’armée ukrainienne.
"Un missile BUK ancienne génération"
"L’armateur russe [Almaz-Anteï] a fait une reconstitution grandeur nature d’un tir de missile sur un avion pour conforter une version connue depuis juin dernier. Selon cette dernière, l’avion aurait été abattu par un missile BUK ancienne génération dont les Russes ne disposent plus dans leur arsenal, contrairement à l’armée ukrainienne", explique Elena Volochine, correspondante de France 24 à Moscou.
Le 17 juillet 2014, un Boeing 777 de la Malaysia Airlines est abattu en vol alors qu'il se trouve au-dessus d'un territoire contrôlé par les séparatistes prorusses, dans l'est de l'Ukraine. Le vol MH17, qui avait décollé de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol vers 12h30 (10h30 GMT) et devait rejoindre Kuala Lumpur, volait alors à 33 000 pieds. Les 15 membres d'équipage et les 283 passagers, dont 193 Néerlandais, sont décédés.
Dans un premier rapport, les enquêteurs du Bureau néerlandais pour la sécurité ont estimé que le Boeing avait été perforé en vol par des "projectiles à haute énergie", sans aller jusqu'à confirmer la théorie du missile. Le parquet néerlandais, qui coordonne l'enquête pénale, avait ensuite affirmé, en août, avoir identifié des éléments appartenant "peut-être" à un missile sol-air de type BUK, sans pour autant conclure à "un lien de causalité".
Le système de missiles BUK au cœur de l’enquête
Selon les experts, les armées de Kiev et de Moscou disposent toutes deux du système de missiles sol-air BUK. Mais l'Ukraine et les États-Unis affirment que l'appareil a été abattu par les séparatistes pro-russes grâce à un missile fourni par la Russie. "Il est clair qu'il s'agit d'un système qui a été transmis aux mains des séparatistes, depuis la Russie", avait alors affirmé le secrétaire d'État américain John Kerry. Moscou a rejeté en bloc ces accusations et pointé du doigt les forces ukrainiennes.
itDéveloppé au sein de l'Union soviétique, le système antiaérien russe BUK permet de toucher des cibles mouvantes jusqu'à plus de 40 kilomètres de distance et 25 kilomètres d'altitude. Puissant et précis, ce système fonctionne en explosant directement près de la cible et en la frappant par un nombre massif d'éclats d'obus qui se déplacent à très grande vitesse.
Juger les coupables
Pour les proches des victimes, ce rapport va permettre de maintenir la pression pour arrêter et juger les coupables. Le parquet néerlandais avait assuré fin juin avoir identifié de nombreuses "personnes d'intérêt" dans l'enquête sur les responsables du crash, sans avoir encore de suspects définis.
La Russie avait mis son veto le 29 juillet au Conseil de sécurité de l'ONU à une résolution qui aurait créé un tribunal spécial, notamment réclamé par les Pays-Bas, pour juger les responsables de ce crash aérien.
Le Premier ministre Mark Rutte doit réagir à ce rapport mardi lors d'un point presse, de même que le gouvernement ukrainien à Kiev.
Avec AFP