À dix jours des élections européennes, le président français replace l'insécurité au centre du jeu politique. Jeudi, il a détaillé une série de mesures très controversées pour faire cesser la violence dans certaines cités et écoles.
AFP - A dix jours des élections européennes, Nicolas Sarkozy a réenfourché son thème fétiche de la lutte contre l'insécurité en détaillant jeudi une série de mesures tous azimuts pour mettre un coup d'arrêt à la violence dans les cités et les écoles.
Devant un parterre de 600 policiers, gendarmes, magistrats et inspecteurs d'académie convoqués à l'Elysée, le chef de l'Etat a justifié ce tour de vis par le développement du "phénomène des bandes" et des violences dans les établissements scolaires, illustré par plusieurs faits divers récents.
Sur l'école, Nicolas Sarkozy a repris à son compte les propositions musclées de son ministre de l'Education Xavier Darcos pour "sanctuariser les établissements scolaires", malgré le scepticisme de sa collègue de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et les critiques des enseignants.
"Les personnels de direction et d'encadrement" seront donc autorisés à fouiller les sacs des élèves et chaque recteur disposera "d'une équipe mobile d'agents" pour intervenir dans les établissements à problèmes.
Le système des policiers référents sera "systématisé" dans les écoles, des policiers retraités pourront surveiller leurs abords et 1.500 établissements bénéficieront d'un "diagnostic de sécurité".
Le chef de l'Etat n'a qu'implicitement validé l'installation de portiques de sécurité défendue par M. Darcos, indiquant que "toutes les mesures nécessaires" seraient prises. "Pas question de tolérer la présence des armes" dans les écoles, a résumé Nicolas Sarkozy.
Sur l'autre front, il a répété sa volonté de "reconquête des quartiers sensibles", en déclarant la "mobilisation complète des forces de l'ordre", d'abord dans les 25 cités les plus difficiles.
"Aucune rue, aucune cave, aucune cage d'escalier ne doit être abandonnée aux voyous", a-t-il lancé, ordonnant la multiplication immédiate d'opérations "coup de poing".
Pour y lutter contre les trafics, le chef de l'Etat a répété sa volonté de "frapper les trafiquants au portefeuille" en chargeant des agents du fisc de "détecter les signes extérieurs de richesse indue".
En plus des mesures prévues dans le projet de loi sur la sécurité intérieure (Loppsi 2) ou le texte du député-maire UMP de Nice Christian Estrosi, il a confirmé le renforcement de la vidéosurveillance et annoncé un plan "de prévention de la délinquance et d'aide aux victimes".
"Je suis absolument déterminé à tout mettre en oeuvre pour que les résultats des trois derniers mois soient accidentels et ne traduisent pas une amorce de renversement de tendance", a insisté Nicolas Sarkozy, reconnaissant pour la première fois une dégradation des chiffres de la délinquance.
Au passage, il écarté tout lien entre ce phénomène et la crise économique. "La délinquance ne procède que très rarement de la souffrance sociale, mais simplement de l'attrait de l'argent facile", a-t-il asséné en raillant "la dictature des bons sentiments" ou "l'angélisme" des "élites".
La gauche et le MoDem ont estimé que le discours du chef de l'Etat trahissait "l'échec" de sa politique de sécurité et l'ont accusé de reprendre ce thème, sur lequel il a bâti sa victoire élyséenne, pour raisons électorales, en vue du 7 juin.
"C'est une mise une mise en scène" pour "quelques voix de plus sur des thèmes censés mobiliser l'électorat de l'UMP", a dénoncé François Bayrou.