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Sommet européen : l'UE veut intensifier les retours de migrants économiques

L'UE se réunit jeudi à Luxembourg pour tenter d'avancer sur le dossier de la crise migratoire. Plusieurs ministres européens ont estimé qu'il fallait renforcer la politique de l'UE concernant les migrants économiques.

L'Union européenne se penche à nouveau sur la crise migratoire, jeudi 8 octobre à Luxembourg, avec des représentants des pays limitrophes de la Syrie dévastée par la guerre, au lendemain d'un appel franco-allemand à changer la politique d'asile sur le continent.

Après un Conseil des ministres de la Justice et de l'Intérieur, les chefs de la diplomatie de l'UE doivent se réunir en une conférence sur la "Route de la Méditerranée orientale et des Balkans occidentaux" en présence de leurs homologues de Jordanie, du Liban et de Turquie ainsi que des pays des Balkans occidentaux.

"Ceux qui n'ont pas besoin de protection doivent quitter l'Europe"

En arrivant à une réunion à Luxembourg, plusieurs ministres de l'Intérieur de l'Union européenne ont estimé qu'il fallait muscler la politique de l'UE de retours des migrants économiques.

"Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d'une protection [les réfugiés, NDLR] seulement si ceux qui n'en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement", a expliqué le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière. "Les retours sont toujours durs, c'est comme ça", mais "ceux qui n'ont pas besoin de protection doivent quitter l'Europe", a-t-il insisté.

"Il faut casser le lien entre le fait de faire ce voyage dangereux vers l'Europe et pouvoir rester en Europe", a pour sa part plaidé la ministre de l'Intérieur britannique Theresa May. "C'est la raison pour laquelle la Grande-Bretagne a toujours argué qu'il faut renvoyer les migrants dans leurs pays d'origine, c'est la raison pour laquelle il faut réprimer ceux qui abusent de notre système d'asile", a-t-elle martelé.

Le ministre luxembourgeois de l'Intérieur, Jean Asselborn, a estimé qu'il fallait "tout faire dans les prochaines semaines et prochains mois (...) pour que l'on puisse concrétiser les retours", alors qu'aujourd'hui, seuls 40 % des ordres de quitter le territoire intimés à des clandestins en Europe sont effectivement suivis d'effet.

L'Europe divisée

Mercredi, devant le Parlement européen à Strasbourg, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont appelé à l'unité pour changer la politique d'asile "obsolète" en Europe, confrontée à sa pire crise migratoire depuis 1945, mais aussi à empêcher une "guerre totale" en Syrie.

L'Allemagne a dénombré 577 307 nouveaux candidats à l'asile entre janvier et septembre, dont plus du tiers en provenance de Syrie, selon un recensement du ministère de l'Intérieur présenté mercredi, et attend 800 000 à un million de demandes d'asile sur l'ensemble de l'année, soit quatre à cinq fois plus que l'an dernier.

François Hollande a de son côté mis en garde, sous les applaudissements, contre une "fin de l'Europe" et un "retour aux frontières nationales" si l'UE ne faisait pas preuve d'unité.

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La chancelière a jeté un pavé dans la mare, en estimant que le processus de Dublin en vertu duquel les réfugiés arrivant dans l'UE doivent demander l'asile dans le premier pays qu'ils foulent, "est obsolète".

L'Europe, déjà traumatisée par la crise grecque, a étalé ces dernières semaines ses divisions sur les mesures à prendre pour accueillir les demandeurs d'asile, mais aussi pour assurer le contrôle de ses frontières extérieures.

Avec AFP