
Aucune avancée n'a été enregistrée lors de la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine dans le cadre du sommet sur l'Ukraine. © Drew ANGERER / AFP
Le président américain Donald Trump a abandonné, samedi 16 août, toute exigence d'un cessez-le-feu préalable en Ukraine, prônant désormais un "accord de paix" pour mettre fin au conflit meurtrier. Un revirement majeur après sa rencontre avec Vladimir Poutine sans résultat concret apparent.
Le président américain recevra lundi après-midi, à la Maison Blanche, son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, les dirigeants européens assurant de leur côté vouloir "maintenir la pression sur Moscou".
Cet abandon du cessez-le-feu préalable semble favoriser Vladimir Poutine, qui défend depuis longtemps l'idée de négocier directement un accord global et définitif, Kiev et ses alliés européens y voyant, au contraire, une façon pour lui de gagner du temps afin de poursuivre son offensive militaire et étendre ses prises territoriales.
Cette voie est pourtant "la meilleure façon de mettre fin à la guerre horrible entre la Russie et l'Ukraine", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. "Un simple accord de cessez-le-feu (...) souvent ne tient pas", a-t-il justifié, lui qui avait pourtant menacé Moscou de "conséquences très graves" en l'absence d'arrêt des hostilités.
"La triste réalité est que la Russie n'a aucune intention de mettre fin à cette guerre de sitôt", a jugé la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.
Le maître du Kremlin a pour sa part déclaré samedi que son entretien avec Donald Trump à Anchorage était "très utile" pour œuvrer à une résolution du conflit "sur une base équitable", plus de trois ans et demi après l'invasion de l'armée russe en Ukraine.
Réunion avec les pays de la "coalition des volontaires"
Le sommet d'Anchorage – censé être crucial pour la stabilité de l'Europe –, a permis un retour spectaculaire de Vladimir Poutine sur la scène diplomatique, sans déboucher ni sur l'annonce d'une prochaine réunion tripartite incluant Volodymyr Zelensky, ni sur une pause dans les hostilités, ni sur de nouvelles sanctions visant la Russie.
La rencontre de plus de trois heures, "couronnée de succès" selon Donald Trump, a en tout cas déclenché une effervescence diplomatique en Europe, première concernée mais grande absente en Alaska. Les dirigeants du Vieux continent ont affirmé être prêts à faciliter un sommet entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
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Ce dernier s'est dit "reconnaissant de l'invitation" à la Maison Blanche, six mois après avoir été tancé de façon très abrupte par Donald Trump dans le Bureau ovale, une scène diffusée en direct qui avait plongé dans la consternation nombre de pays européens.
"Si tout marche bien (lors de cette nouvelle réunion bilatérale), nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine", a assuré samedi Donald Trump, laissant envisager un sommet tripartite.
Au cours de son vol retour d'Anchorage, le président américain s'est entretenu avec son homologue ukrainien, ainsi qu'avec des dirigeants de l'Otan. Ont notamment participé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Friedrich Merz, le Premier ministre britannique, Keir Starmer et le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.
Lors de ces appels, Donald Trump a évoqué au profit de Kiev une garantie de sécurité similaire à celle de l'article 5 de l'Otan, en dehors toutefois du cadre de l'Alliance atlantique.
La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a indiqué qu'il s'agirait pour commencer de définir "une clause de sécurité collective qui permettrait à l'Ukraine d'obtenir le soutien de tous ses partenaires, y compris des États-Unis, prêts à agir dans le cas où elle serait à nouveau attaquée".
Selon le New York Times, citant deux responsables européens, Donald Trump se serait par ailleurs déclaré favorable à une proposition de Vladimir Poutine prévoyant que Kiev cède davantage de territoire sous son contrôle en l'échange de la paix.
Emmanuel Macron a lui mis en garde contre "la propension" de la Russie "à ne pas tenir ses propres engagements" tandis que Keir Starmer a estimé que "le chemin vers la paix en Ukraine ne pouvait être décidé sans" Volodymyr Zelensky. Le président français, le Premier ministre britannique et le chancelier allemand ont convoqué une réunion dimanche avec les pays de la "coalition des volontaires" alliés de Kiev.
La guerre continue
En Russie, le sommet en Alaska a été plutôt bien accueilli. Rencontré à deux pas du Kremlin, Vitali Romanov, un employé de musée, estime qu'il a suscité "l'espoir que cela ira mieux, pour la Russie, pour le peuple et pour les gens qui combattent" sur le front.
Les Ukrainiens semblaient en revanche sans illusions, telle Laryssa Melny, une pharmacienne de Kiev, qui croit qu'il n'y aura "pas de paix" prochainement. "Je pense que c'est une belle victoire diplomatique pour Poutine", affirme de son côté Pavlo Nebroev, directeur d'un théâtre à Kharkiv.
L'armée russe a ainsi lancé 85 drones et un missile sur l'Ukraine pendant la nuit, a affirmé Kiev, assurant en avoir abattu 61, dans les régions de Soumy (nord-est), Donetsk (est), Tcherniguiv (nord) et Dnipropetrovsk (centre-est).
Parallèlement, les forces du Kremlin ont revendiqué la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.
Avec AFP