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Comment Volkswagen peut faire face au coût du scandale

Le rappel des voitures va débuter en janvier d'après le nouveau PDG de Volkswagen. Cette opération coûteuse s'ajoute aux autres conséquences du scandale et pourrait faire grimper l'addition à 50 milliards d’euros. Le groupe peut-il payer ?

L’heure du rappel va sonner en 2016. Le nouveau patron de Volkswagen (VW) Matthias Müller a précisé que le constructeur en pleine tourmente va commencer à rappeler les véhicules équipés du fameux logiciel permettant de tromper les tests anti-polluants à partir de janvier prochain. Il a précisé mercredi 7 octobre au quotidien “Frankfurter Allgemeine Zeitung” que ce programme, qui concerne entre 9 et 11 millions de voitures dans le monde, devrait durer toute l’année.

Le PDG de Volkswagen a aussi reconnu que les 6,5 milliards d’euros provisionnés peu après le début du scandale ne suffiraient pas à couvrir l’intégralité du coût de celui-ci. Le rappel devrait à lui seul coûter davantage, d’après les médias allemands. “Les conséquences financières et commerciales sont encore aujourd’hui impossibles à prévoir”, a assuré Matthias Müller aux quelque 20 000 salariés du groupe, mardi 6 octobre.

28, 50 ou 70 milliards d’euros

Impossible n’est, visiblement, pas allemand. Les estimations sur l’addition à venir pour VW commencent à pleuvoir dans la presse allemande. Le quotidien “Die Welt” a dégainé le premier, dimanche, en avançant le chiffre de 50 milliards d’euros. Un montant repris à de multiples reprises, même si certains médias, comme la chaîne ARD, estiment que la douloureuse serait plutôt de 70 milliards de dollars, tandis que d’autres évoquent “seulement” 30 milliards d’euros. La banque Crédit Suisse cherche à mettre tout le monde d’accord en affirmant que le scandale coûterait “entre 23 et 78 milliards d’euros”.

Ces spéculations prennent en compte la probable amende infligée par les États-Unis (16 milliards d’euros au maximum), le prix à payer pour rappeler toutes les voitures et effectuer les modifications nécessaires, les frais judiciaires à couvrir pour faire face aux plaintes qui s’accumulent (déjà 16 rien qu’en Allemagne) ou encore le remboursement des avances publiques perçues au titre de voitures “vertes”.

Le géant allemand de l’automobile pourra-t-il faire face financièrement à ce scandale ? Difficilement, même si le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 202,5 milliards d’euros en 2014 et dispose de 96,162 milliards euros de capital propre. Cet argent n’est, en effet, pas disponible à 100 %, loin de là. Il correspond en grande partie à la valeur des usines, du matériel et d’autres actifs immatériels comme des brevets.

Vendre Ducatti ou Bugatti ?

Le vrai trésor de guerre du constructeur allemand s’élève à 17,6 milliards d’euros. Il s’agit des liquidités immédiatement disponibles, d’après le dernier bilan financier épluché par le magazine allemand “Focus”. VW dispose également de certains titres financiers - actions, obligations - que le groupe peut rapidement vendre pour dégager 15,1 milliards d’euros supplémentaires.

Volkswagen peut donc prendre en charge sans trop souffrir un coût final qui n’excèderait pas 33 milliards d’euros. Le groupe va, en revanche, devoir faire des sacrifices douloureux si le total approche les estimations hautes.

Il peut, tout d’abord, puiser dans les sommes mises de côté pour investir dans des projets comme la construction de nouvelles usines. Volkswagen a mis en place, en 2013, un fonds doté de 100 milliards d’euros à dépenser jusqu’en 2018 pour moderniser son appareil productif. Il resterait environ 50 milliards d’euros dans cette caisse, d’après les calculs de la presse allemande. Mais piocher dans cette réserve risque d’être mal perçu par les investisseurs et les marchés pour qui cet argent doit assurer la compétitivité future du constructeur.

Volkswagen peut aussi décider de se débarrasser de certaines actifs, comme des marques qui ne seraient pas stratégiques. La cession de Ducatti (acquis en 2002) ou Bugatti (racheté en 1998) a été évoquée ces derniers jours, mais Volkswagen a démenti son intention de réduire sa flotte de marques. Le groupe aurait, de toute façon, du mal à les vendre au prix fort, vu son besoin urgent en liquidité.

Quelle que soit la solution préconisée pour survivre à la pluie d’amendes, condamnations et autres demandes de remboursement, il risque d’y avoir à terme de la casse sociale au sein de Volkswagen. Pour rétablir sa bonne santé financière, le constructeur sera tenté de chercher à faire des économies. Matthias Müller a d’ailleurs prévenu les salariés que “tout cela ne se fera pas sans douleur”, tout en ne parlant pas de licenciement. Pas encore.