Alors que la tension est vive entre Ankara et Moscou, le secrétaire général de l'Otan a estimé, mardi, que les incursions russes dans l'espace aérien turc n'étaient pas accidentelles. Le Kremlin avait évoqué une météo mauvaise pour les expliquer.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a estimé, mardi 6 octobre, que la violation de l'espace aérien de la Turquie par deux avions de combat russes le week-end précédent n'était "pas un accident" et l'a jugée une nouvelle fois "inacceptable".
"Les informations que nous avons reçus me donnent des raisons d'affirmer que cela ne ressemble pas à un accident", a affirmé Jens Stoltenberg lors d'une conférence de presse au siège bruxellois de l'Alliance. "De fait, il y a eu deux violations pendant le week-end, ce qui ne fait qu'ajouter au fait que cela n'ait pas l'air d'être un accident", a insisté le secrétaire général de l'Otan.
De son côté, la Russie a imputé la première incursion samedi à "de mauvaises conditions météorologiques dans cette zone". "Il ne faut pas y voir un complot quelconque", a souligné le porte-parole du ministère russe de la Défense, le général Igor Konachenkov, ajoutant que des mesures avaient "été prises afin d'empêcher de tels incidents à l'avenir".
Les autorités militaires de l'Otan, "contacteront les autorités militaires russes [...] à propos de ces incidents", a par ailleurs indiqué une porte-parole de l'Otan, Carmen Romero. Des "lignes de communication" entre Bruxelles et Moscou existent, mais elles n'ont pas été utilisées depuis mai 2014 en raison des tensions entre l'Alliance et Moscou à propos du conflit en Ukraine.
L'Otan prend ces incidents "très au sérieux"
L'Otan avait fait état lundi de l'incursion, samedi, d'un Soukhoï SU-30 dans l'espace aérien turc, pendant environ deux minutes et trente secondes selon une source diplomatique, puis d'un Soukhoï SU-24 dimanche.
Lors du premier incident, le pilote russe aurait "accroché son radar" sur les F-16 turcs qui l'avaient intercepté, une manœuvre indiquant qu'"on se prépare à tirer un missile" vers l'appareil ciblé, a précisé une source diplomatique.
Ces incidents "ont duré longtemps par rapport à de précédentes violations de l'espace aérien [par la Russie] que nous avons vues ailleurs en Europe", a observé Jens Stoltenberg. "C'est pour cette raison que nous prenons cela très au sérieux", a-t-il poursuivi. Ce genre d'incidents peut "créer des situations dangereuses".
L'Otan avait déployé en 2013 des batteries antimissiles Patriot dans le sud de la Turquie pour éviter que le conflit en Syrie ne déborde sur son territoire. Cette mission arrive toutefois à son terme en fin d'année, et les États-Unis retirent progressivement les Patriot qu'ils avaient déployés. L'Allemagne a pour sa part prévenu qu'elle mettrait fin à sa participation en janvier 2016.
Mais la situation actuelle pourrait changer la donne. "Ce que nous venons de voir est différent [...] Nous réévaluons constamment la situation sécuritaire et prendrons nos décisions en conséquence", a-t-il affirmé.
Avec AFP