
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a tenu dimanche un rassemblement à Strasbourg pour appeler ses partisans de la diaspora à l'unité contre le terrorisme. Environ 12 000 personnes sont venues l'écouter.
Ils sont venus en masse écouter leur président. Environ 12 000 personnes ont assisté, à Strasbourg, au rassemblement contre le terrorisme, tenu par le chef de l'État turc Recep Tayyip Erdogan dimanche 4 octobre.
Accueilli comme une "rock star" par une foule scandant son nom et une marée de drapeaux turcs, Erdogan a fustigé "les gens qui menacent notre pays avec des armes, avec des bombes" et qui veulent entraîner la Turquie "dans les tunnels sombres du terrorisme". "Le parti qui s'appuie sur le terrorisme n'est pas le représentant de nos frères et sœurs kurdes", a-t-il affirmé, promettant de poursuivre les terroristes "jusque dans les montagnes".
Un rassemblement aux allures de meeting politique
Les opposants du président turc ont toutefois vu dans cette rencontre un meeting électoral avant les législatives du 1er novembre. Intitulé "Des milliers de souffles, une seule voix contre le terrorisme", ce rassemblement a attiré des participants venus de France et d'Allemagne, mais aussi de Suisse et de Belgique, selon les organisateurs.
Officiellement, "ce n'est pas un meeting politique", a insisté auprès de l'AFP Yasin Sayin, porte-parole de l'événement et responsable jeunesse en Alsace de l'Union of European Turkish Democrats (UETD).
Après avoir longuement abordé la menace que fait peser le "terrorisme" sur l'unité de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan a ensuite tracé implicitement un bilan de ses années au pouvoir, évoquant la situation économique et la construction d'universités et d'hôpitaux.
"C'est à vous d'éradiquer le terrorisme dans les urnes le 1er novembre", a-t-il lancé en guise de conclusion.
Le président turc a également profité de ce déplacement en France pour pointer des "discriminations croissantes" en Europe à l'égard des étrangers et déplorer que dans "ce continent qui prétend détenir la plus grande civilisation au monde", les pays aient "longtemps fermé leur cœur aux réfugiés venant de Syrie".
Contre-manifestation
Parallèlement, une contre-manifestation, organisée au centre de Strasbourg à l'appel de la Fédération de l'union des Alévis de France pour signifier à Erdogan "qu'il n'est pas le bienvenu à Strasbourg, capitale des droits de l'Homme", a réuni environ 1 500 personnes, selon les organisateurs, 1 400 selon la police.
"Le président turc devrait être au-dessus des partis, mais là, il organise un meeting électoral", a dénoncé Erdal Kiliçkaya, président de la Fédération de l'union des Alévis de France.
De nombreux mouvements et associations de gauche s'étaient ralliés à la manifestation. Pour Mustapha Kemal Ozcelik, président de la branche strasbourgeoise du CHP, principal parti d'opposition turque, l'organisation du rassemblement "n'est pas un hasard", alors que le vote commence le 8 octobre dans les consulats en dehors de la Turquie.
Le parti de Recep Tayyip Erdogan a essuyé un important revers lors des législatives du 7 juin, en perdant la majorité absolue qu'il détenait depuis 2002 au Parlement. Ses détracteurs l'accusent d'attiser les tensions nées de la reprise du conflit kurde pour prendre sa revanche lors du scrutin de novembre. Environ 75 000 ressortissants turcs sont inscrits sur les listes électorales du consulat de Strasbourg, qui englobe 10 départements du quart nord-est de la France.
Avec AFP