Le gouvernement de transition burkinabè a appelé mardi soir à l’unité nationale et à la réconciliation, après avoir pris le contrôle de la caserne où s’étaient retranchés les ex-putschistes. Les soldats de l'ex-RSP refusaient de rendre les armes.
Le Burkina Faso tente de tourner la page du coup d'État. Après la prise mardi 29 septembre par l'armée burkinabè de la caserne où étaient retranchés des ex-putschistes, le gouvernement de transition a appelé mardi soir à l’unité nationale et à la réconciliation.
"Le gouvernement de la Transition (...) lance un appel au renforcement de la réconciliation et de l'unité nationale, et exhorte tout un chacun à œuvrer dans ce sens", a déclaré le pouvoir burkinabè dans un communiqué publié mardi soir. Promettant un bilan "ultérieurement", le gouvernement a assuré que "les places ou camps occupés par l'ex-RSP (Régiment de Sécurité présidentielle), notamment le camp Naaba Koom, ont été libérés par nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité".
De source militaire, l'armée loyaliste continuait en soirée à ratisser l'énorme camp qui jouxte le palais présidentiel. À l'issue d'un bras de fer entre anciens putschistes et autorités légales, l'armée avait lancé l'assaut en fin d'après-midi sur la caserne Naaba Koom II, où s'étaient retranchés des soldats du RSP réticents à désarmer.
Dienderé évoque de nombreux morts
De son côté l'ex-chef putschiste, le général Gilbert Diendéré, s’est inquiété du sort des ex-RSP déclarant à l'AFP redouter qu'il y ait eu de nombreux morts lors de l'assaut de l'armée. "Ils ont sorti l'artillerie (...) Ils ont tiré sur le camp. Malheureusement il y avait des familles, la clinique (dans le camp). Il doit y avoir beaucoup de morts et de blessés", a-t-il dit. Aucun bilan de l'assaut n'était disponible dans l'immédiat.
"La situation est calme. Un assaut a été donné. Il n'y a pas eu d'affrontement. Ils (le RSP) ont quitté la caserne", avait pourtant déclaré le chef d'état-major des armées du Burkina, le général Pingrenoma Zagré. Avant ce dénouement, l'armée, qui affichait une volonté claire d'en finir avec ces irréductibles, avait tiré à quatre reprises avec des armes lourdes sur la caserne, et des tirs nourris avaient suivi, selon un journaliste de l'AFP.
"Déposer les armes pour éviter un bain de sang"
Le général Diendéré avait appelé sur une radio burkinabè ses hommes à "déposer les armes pour éviter un bain de sang". Joint par l'AFP, il a assuré qu'il se mettrait "à la disposition de la justice de (son) pays", précisant qu'il ne se trouvait plus sur cette base militaire, sans donner davantage de précisions. Une partie de la population souhaite le trouver pour qu'il soit jugé. La société civile burkinabè avait rejeté une première médiation de la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) comprenant une amnistie des putschistes, rappelant que le putsch a fait une dizaine de morts et une centaine de blessés.
Le chef d'état-major Pingrenoma Zagré s’est adressé directement à la population l’invitant, "pour des raisons de sécurité", à "éviter tout mouvement dans la zone de Ouaga 2000", quartier sud où se trouvent le palais présidentiel Kosyam et la caserne. Situé à proximité de la caserne, l'aéroport de Ouagadougou a également été fermé mardi jusqu'à nouvel ordre.
Le régime de transition a parallèlement procédé à l'arrestation, "en lien avec le putsch", de Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, qui souhaitait se présenter à l'élection présidentielle prévue le 11 octobre, selon des sources sécuritaires concordantes.
Avec AFP