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Centrafrique : nuit de violences en dépit du couvre-feu à Bangui

À Bangui, des scènes de pillages et des affrontements ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, malgré l'instauration d'un couvre-feu, depuis levé par les autorités. Les locaux de plusieurs ONG ont également été pillés.

La situation sécuritaire est toujours critique, lundi 28 septembre, dans les rues de Bangui, après un week-end de violences qui ont fait au moins 36 morts dans la capitale de la Centrafrique. Une manifestation monstre est en cours sur un axe principal de la capitale, a indiqué Matteo Guidoux, le correspondant de France 24 dans le pays. "Des soldats de la Minusca [la force onusienne déployée dans le pays, NDLR] tirent en l'air. Pour l'instant, cela reste calme mais précaire", commente-t-il.

Dans la nuit, des scènes de pillages de commerces et d'habitations ont eu lieu et des tirs ont été entendus, malgré un couvre-feu instauré entre 18H00 dimanche et lundi 06H00 (17H00 à 05H00 GMT) par les autorités, ont rapporté des habitants.

"Le couvre feu n’a pas du tout fonctionné", note Matteo Guidoux. "Du point de vue militaire, des combats ont eu lieu toute la nuit dans différents quartiers de la ville. Des affrontements violents ont également eu lieu à la gendarmerie principale, qui est située juste à côté du ministère de la Défense nationale."

Des personnels de la gendarmerie et des hauts fonctionnaires ont été blessés par balles au cours de ces heurts, a affirmé le ministre centrafricain de la sécurité publique Dominique Saïd Paguindji, joint par téléphone dans la matinée. Des corps ont également été retrouvés dans l’enceinte du bâtiment, selon la même source.

Aucun bilan de ces tirs n'était disponible lundi matin à Bangui, d’après un correspondant de l'AFP.

De nombreuses ONG pillées

Par ailleurs, de nombreuses ONG ont été pillées au cours de la nuit de dimanche à lundi, précise Matteo Guidoux. Il s’agit, entre autres, de la Croix rouge française, des ONG Première urgence, Cordaid, Caritas, ou encore de l’Organisation Internationale pour les Migrations. "Certains personnels de ces ONG ont dû être évacués par la Minusca et les bandits ont bien souvent profité des locaux laissés vides après l’évacuation pour se servir dans les bâtiments."

Toute la nuit, Sangaris [la force militaire française sur place, NDLR] et la Minusca ont essayé de protéger les sites hospitaliers et de démanteler les barricades érigées dans la ville", a encore ajouté le correspondant de France 24.

Dans la journée de dimanche, des barricades avaient été érigées dans plusieurs quartiers de la ville par des groupes de manifestants. La plupart de ces barricades avaient été démantelées par les forces de sécurité centrafricaines avant d'être réinstallées par ces manifestants.

Cette vague de violences a été provoquée par l'assassinat samedi d'un conducteur de moto-taxi dans le quartier du PK-5, dans le centre de la capitale.

Selon des habitants, le conducteur de moto-taxi a été égorgé samedi matin, pour une raison encore inconnue, ce qui a déclenché des violences dans cette zone majoritairement musulmane qui fut l'épicentre des massacres inter-communautaires à Bangui de fin 2013 à début 2014.