Julien Coupat suspecté d'être le leader d'un groupe accusé du sabotage de plusieurs lignes TGV en 2008, est sorti de prison dans l'après-midi. Le jeune homme, âgé de 34 ans, a été incarcéré pendant plus de six mois sans être inculpé.
AFP - Julien Coupat, 34 ans, présenté comme le chef d'un groupe soupçonné d'avoir saboté des lignes TGV à l'automne 2008, est sorti jeudi après-midi en catimini de la prison de la Santé après plus de six mois de détention.
Vers 17H10, une Peugeot bleue break, conduite par une femme seule, est entrée avant de ressortir par une issue située à l'arrière de la maison d'arrêt de la Santé, a constaté un journaliste de l'AFP. Une vingtaine de minutes plus tard, un policier a confirmé aux journalistes que Coupat se trouvait dans le coffre.
Coupat s'est vu imposer un contrôle judiciaire qui comporte notamment le versement d'une caution de 16.000 euros et impose qu'il demeure chez lui à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ou chez ses parents à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), a-t-on annoncé au parquet de Paris.
Le contrôle judiciaire lui interdit en outre de sortir d'Ile-de-France et lui impose d'aller pointer une fois par semaine au commissariat de Montreuil où il devra laisser ses papiers d'identité, a-t-on ajouté de même source.
Enfin Julien Coupat n'aura pas le droit d'entrer en relation avec les huit autres mis en examen et les témoins du dossier.
"Mieux vaut tard que jamais", a réagi l'avocate de Coupat, Me Irène Terrel, qui dénonce une "affaire politique dont le dernier épisode est l'annonce par le parquet de la remise en liberté" de son client.
Présenté par l'accusation comme "le leader charismatique et idéologue" d'un groupe clandestin "anarcho-autonome" soupçonné d'avoir saboté des lignes TGV, M. Coupat, mis en examen pour "direction d'une entreprise terroriste et destruction en réunion à visée terroriste", était incarcéré depuis le 15 novembre 2008.
La durée de la détention de Julien Coupat et la qualification terroriste de la procédure engagée contre lui ont suscité de nombreuses critiques de la part d'intellectuels, de partis de gauche ou d'associations comme la Ligue des droits de l'Homme.
L'annonce de sa libération a d'ailleurs pris une tournure politique, le Parti socialiste demandant au "gouvernement de s'expliquer sur les raisons d'un tel acharnement" sur Coupat, par la voix du secrétaire secrétaire national PS aux droits de l'homme Pouria Amirashi.
Le député PS Arnaud Montebourg a même réclamé la démission de la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie pour avoir "infligé sept mois de prison à un innocent", une demande qualifiée dans la soirée de "provocation" par l'intéressée.
L'ancienne magistrate Eva Joly a conclu de cette remise en liberté que "les charges ne doivent pas être très lourdes" contre lui.
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a riposté en déplorant la façon dont des personnalités de gauche "instrumentalisent" la sortie de prison de Julien Coupat.
Le comité de soutien aux neuf mis en examen du dossier a assuré dans un communiqué qu'en dépit de cette libération, "le sentiment qui domine, c'est toujours et encore la colère, pour l'incarcération de Julien et les autres, les arrestations en pleine rue, les gardes à vue de 96 heures".
Coupat reste soupçonné d'avoir saboté, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, avec sa compagne, Yldune Levy, une ligne du TGV Est à Duisy (Seine-et-Marne), un des quatre sabotages commis en France cette nuit-là.
Des investigations sont également toujours en cours concernant d'éventuels liens entre Coupat et des autonomistes allemands soupçonnés d'avoir saboté des lignes ferroviaires outre-Rhin à l'aide de crochets similaires à ceux utilisés en France.