logo

Exclusif : le chef d’état-major de l'armée burkinabè veut "éviter tout affrontement"

Sur France 24, le chef d'état-major des armées du Burkina Faso, le général Pingrenoma Zagre, a affirmé mardi vouloir "éviter tout affrontement". La Cédéao a appelé les putschistes du RSP à "déposer les armes".

Le chef d'état-major des armées du Burkina Faso, le général Pingrenoma Zagre, a lancé, mardi 22 septembre sur l’antenne de France 24, un message apaisant à l'endroit du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), auteur du coup d'État du 17 septembre.

>> À lire sur France 24 : "Le RSP, cette armée parallèle du Burkina Faso"

"Les éléments de l'armée n'ont jamais décidé d'attaquer qui que ce soit. C'est dans ces dispositions que nous sommes pour éviter tout affrontement, car ce serait stupide et ridicule d'en arriver là", a déclaré l'officier, précisant être en contact avec le chef des putschistes, le général Gilbert Diendéré.

"Chacun est bien disposé [...] Nous poursuivons les concertations et nous devons parvenir à une situation qui préserve les intérêts du Burkina Faso, l'unité et la cohésion nationales", a poursuivi le général Zagre, se disant "optimiste" sur une sortie de crise.

"L'armée est une famille, et dans une famille il n'y a pas lieu de s'affronter", a encore ajouté le général Zagre. "Nous voulons les rassurer qu'aucune hostilité n'est nourrie à leur encontre, et il faut que nous travaillions tous ensemble sous l'autorité du chef d'état-major des armées, afin de donner l'image d'une armée républicaine, qui sert la nation, et qui rassure la population", a-t-il déclaré.

Mardi dans la soirée, l'armée loyaliste a cependant sensiblement haussé le ton. Dans un communiqué, les "chefs de corps de l'armée" ont affirmé qu'ils avaient les "moyens" d'attaquer les putschistes. "Les forces armées nationales qui sont arrivées depuis hier à Ouagadougou auraient pu dès leur entrée dans la ville attaquer le Régiment de sécurité présidentielle et elles en avaient les capacités et les moyens", est-il écrit.

Arrivée dans la nuit de lundi à mardi dans la capitale burkinabè, l'armée loyaliste a gagné des casernes et demandé aux putschistes du RSP, dirigé par le général Diendéré, de déposer les armes. Celui-ci a d’abord refusé de désarmer, s’en remettant aux conclusions de la médiation des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis en sommet extraordinaire au Nigeria.

Dans ce contexte d’extrême tension, l’organisation des États d’Afrique de l’Ouest "a appelé la garde présidentielle à déposer les armes et demandé aux autres unités de l'armée de ne pas faire usage de la force pour éviter des pertes en vies humaines", a déclaré son président Kadré Désiré Ouédraogo, à l'issue de la réunion. Une nouvelle médiation de chefs d'État a été envoyée mardi soir dans la capitale burkinabè pour "rétablir" dans ses fonctions le président Michel Kafando, renversé par le coup d'État militaire du 17 septembre.

Diendéré n’écarte pas la possibilité de se défendre

Auparavant, le général Diendéré s'était dit prêt à négocier et avait évoqué des "échanges très fructueux" avec les loyalistes, sans écarter toutefois la possibilité de se défendre. "Nous n'avons pas envie de nous battre mais nous nous défendrons éventuellement", a déclaré Diendéré mardi, au cours d’une conférence de presse.

Sur France 24, le chef putschiste, ancien bras droit de l'ex-président Blaise Comparé, renversé après 27 ans de pouvoir en octobre 2014, a également insisté sur la médiation de la Cédéao. Dans la soirée, l'organisation a appelé les putschistes à désarmer et l'armée à ne pas engager de combats.

>> À lire sur France 24 : "Le lieutenant-colonel Zida, dans la ligne de mire des putschistes burkinabè"

Le projet d'accord de sortie de crise de la Cédéao prévoit notamment la restauration des autorités de transition au Burkina mais aussi l'amnistie des putschistes et la réintégration des partisans du président déchu Blaise Compaoré dans la compétition électorale en vue des élections présidentielle et législatives.

Ce projet d'accord a suscité la colère de la société civile qui accepte mal l'amnistie des putschistes proposée par la médiation.

Les violences qui ont accompagné le coup d'État militaire commis le 17 septembre au Burkina Faso ont fait au moins 10 morts et 113 blessés, selon une source hospitalière.