Les chefs de l'armée du Burkina Faso ont exhorté lundi les putschistes à se rendre. Des unités de l'armée basées en province se dirigent vers Ouagadougou, la capitale, pour désarmer le Régiment de sécurité présidentielle, auteur du coup d'État.
La situation reste tendue au Burkina Faso. Au lendemain de l'annonce, dimanche, par les médiateurs internationaux d'un projet de sortie de crise, les "chefs de corps de l'armée" burkinabè ont demandé, lundi 21 septembre, aux putschistes de la garde présidentielle de "déposer les armes", tandis que des unités militaires basées en province se dirigeaient vers la capitale Ouagadougou.
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"Toutes les forces armées nationales convergent vers Ouagadougou dans le seul but de désarmer le Régiment de sécurité présidentielle [RSP - garde présidentielle] sans effusion de sang", ont indiqué les chefs militaires dans un communiqué, qui ne précise pas les noms des officiers signataires. "Nous leur demandons de déposer les armes et de se rendre au camp Sangoulé Lamizana [dans l'ouest de Ouagadougou], et eux et leurs familles seront sécurisés."
#Burkina Des convois mili descendent également de #Koudougou sur #Ouagadougou, photos C.Konkobo @Observateurs #oF24 pic.twitter.com/DQORa0p6Fv
— Alexandre Capron (@alexcapron) September 21, 2015Trois colonnes de l'armée burkinabè, loyales au régime de transition renversé par le putsch du 17 septembre, faisaient route vers Ouagadougou, a indiqué une source de l'état-major à l'AFP. "Des colonnes militaires avec des blindés sont parties de villes de province, de Dédougou, de Koudougou, de Fada, de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays", a détaillé Anna Sylvestre-Treiner, envoyée spéciale de France 24 à Ouagadougou.
Diendéré promet de remettre le pouvoir aux civils
Interrogé sur France 24, le chef du Parlement intérimaire Cheriff Sy, opposé au nouveau pouvoir, a expliqué qu'il s'agissait d'un "mouvement de soldats, d'officiers et de sous-officiers de l'armée républicaine qui ont fait corps avec la lutte de leur peuple, et qui sont en train de descendre sur Ouagadougou pour désarmer le RSP". Il s'adresse au leader des putschistes, le général Gilbert Diendéré, pour qu'il "appelle tous ceux qui sont avec lui à déposer les armes afin que nous évitions que les Burkinabè ne se tirent dessus les uns les autres".
En réaction, Gilbert Diendéré a insisté sur le fait qu'il respecterait la proposition de sortie de crise faite par la médiation ouest-africaine. Nous "confirmons notre engagement à remettre le pouvoir aux autorités civiles de la transition à l'issue de l'accord définitif de sortie de crise sous l'égide de la Cédéao", a affirmé le général dans une déclaration diffusée par la télévision nationale, sans faire aucune référence à l'avancée des troupes.
Il a également annoncé la libération à venir du lieutenant-colonel Zida, Premier ministre du régime de transition placé en résidence surveillée depuis le coup d'État jeudi.
La France suspend sa coopération
Le projet de sortie de crise avancé dimanche a suscité l'indignation d'une partie de la population. À Ouagadougou et dans sa périphérie, des jeunes ont érigé lundi des barricades pour protester contre ce projet, qualifié la veille de "honteux" par le collectif Balai Citoyen. Le président démis par les putschistes, Michel Kafando, s’est lui-même dit "très réservé", lors d’un entretien diffusé lundi sur RFI, sur ce projet d’accord auquel il n’a "pas été associé" et qui laisse sans solution "des problèmes de fond".
La communauté internationale a haussé le ton lundi face à l’éventualité d’affrontements dans la capitale entre la garde présidentielle et les militaires. Le président français François Hollande a appelé "les forces impliquées dans le putsch à déposer immédiatement les armes et à rendre le pouvoir aux autorités légitimes". Il a prévenu que si elles n’obtempéraient pas, "elles devraient en assumer toutes les conséquences". Le chef de l’État français a également évoqué de possibles sanctions.
François Hollande, qui s’est entretenu par téléphone avec son homologue sénégalais Macky Sall, qui a copiloté la médiation, a aussi indiqué que "la coopération civile, financière et militaire française avait été suspendue au Burkina Faso, et ce jusqu’à la reprise effective de la transition, sous autorité civile".
Quelques heures plus tôt lundi, les présidents du Niger et du Tchad avaient déjà appelé à l’apaisement, enjoignant les putschistes à "regagner les casernes" et "laisser la transition aboutir".
Avec AFP