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Le roi des VTC Uber a publié, jeudi, une étude économique qui conclut que sa pratique d'augmenter les prix lors d'événements particuliers est bonne pour les clients. Vraiment ?

Uber est connu pour augmenter les tarifs des courses en période "exceptionnelle" et la start-up a décidé de le revendiquer haut et fort. Ce concurrent aux taxis a publié, jeudi 17 septembre, une étude commandée à un économiste de l'Université de Chicago qui prouve que cette pratique est non seulement normale mais aussi… bonne pour les utilisateurs d'Uber.

Critiqué pour sa politique tarifaire durant des catastrophes naturelles comme l'ouragan Sandy en 2012 ou les inondations de Toronto en 2013, Uber avait d’abord accepté de ne plus "trop" augmenter les prix en cas "d'urgence humanitaire". Mais il persiste et signe à faire preuve de cette "souplesse" durant les périodes de fêtes, ou lorsqu'un événement majeur se déroule dans une ville couverte par son service de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). De quoi continuer à susciter des utilisateurs mécontents.

Le bug du Nouvel an

Ces derniers se trompent et devraient remercier Uber de les faire payer plus cher, assure l'auteur de l'étude, Chris Nosko. Il suffit "de comprendre les bases de l'économie et la loi de l'offre et de la demande pour saisir que lorsqu'il y a davantage de voyageurs que de véhicules, la hausse des prix se justifie", peut-on lire dans le billet de blog d'Uber qui présente les conclusions de l’étude.

L'économiste s'est penché sur deux cas concrets à New York pour illustrer son propos : celui de la nuit du 31 décembre 2014, lorsque le système de hausse des prix avait "connu un bug", et le soir du concert de la pop star pour ados Ariana Grande. Il a constaté que lorsque l'"uberisation" des tarifs ne fonctionnait pas correctement, seules 25 % des personnes qui demandaient un Uber ont pu l’avoir. En revanche, tout s'est bien passé (100 % de satisfaction des réservations d'Uber) lorsque les fans d’Ariana Grande ont envahi le Madison Square Garden à Manhattan.

Pourquoi ? Parce que la hausse des prix incite davantage de conducteurs d’Uber à prendre la route et décourage les potentiels clients qui ne sont pas pressés. À l’inverse, lorsque les tarifs ne s’adaptent pas à la situation, tout le monde est perdant puisque les VTC gagnent moins et le temps d’attente s’allonge considérablement. D’où la conclusion de l’étude qui caresse Uber dans le sens du poil : cette politique tarifaire sert les intérêts… des clients. CQFD ?

Noël et Ariana Grande même combat ?

"La démonstration économique est tout à fait valide", reconnaît Pascal de Lima, chef économiste du cabinet de conseil EconomicCell. En revanche, le bât blesse davantage sur la méthode et les postulats retenus. Il faut déjà considérer que l'affluence d’un soir de Nouvel an est comparable à celle de la sortie d’un concert d’Ariana Grande ce qui, n’en déplaise aux fans de la jeune chanteuse américaine, est loin d’être évident.

"Il manque également un élément de comparaison", remarque Pascal de Lima. Afin de pouvoir tirer les conclusions revendiquées par Uber, il faudrait mener la même étude dans une autre ville socio-culturellement différente de New York, au moins. Dans la riche métropole américaine, une hausse des prix est peut-être moins importante aux yeux des clients que dans une ville qui a fait faillite, comme Détroit.

L’étude semble également enfin ignorer qu’il n’y a pas qu’Uber sur Terre… ou même à New York. Selon Pascal de Lima, les conclusions "tendent à justifier une situation de monopole", où Uber pourrait fixer librement ses prix afin de réguler parfaitement l’offre et la demande. Pourtant les taxis ne sont pas encore morts et enterrés dans toutes les villes dans lesquelles Uber propose ses services. Il aurait été intéressant de prendre en compte des hypothèses où "les concurrents du roi des VTC réagissent à cette politique tarifaire", note Pascal de Lima.

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