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La Fed maintient ses taux directeurs, proches de zéro

La Réserve fédérale américaine a finalement décidé, jeudi, de maintenir ses taux d'intérêt au plus bas, soit entre 0 et 0,25 %. Une décision motivée par la volatilité des marchés financiers et la faiblesse de l'inflation aux États-Unis.

Attendue au tournant par la planète finance, la banque centrale américaine (Fed) a finalement choisi la prudence en optant, jeudi 17 septembre, pour le maintien de sa politique de taux zéro après les récentes turbulences financières et incertitudes économiques, notamment en Chine.

À l'issue de deux jours de réunion, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a décidé de maintenir son taux d'intérêt au plus bas niveau (entre 0 à 0,25 %) et de ne pas procéder au premier relèvement en près de dix ans.

Cet attentisme tient en grande partie aux récentes turbulences financières et incertitudes économiques venues des marchés émergents et notamment du premier d'entre eux, la Chine, où le ralentissement de l'activité suscite des inquiétudes croissantes.

"Les récents développements dans l'économie et la finance mondiales ont quelque peu freiné l'activité et sont susceptibles d'exercer une pression à la baisse sur l'inflation à moyen terme", écrit le FOMC dans son communiqué final. "Des inquiétudes plus vives concernant la croissance en Chine et dans d'autres marchés émergents ont conduit à une volatilité sur les marchés financiers", a détaillé lors d'une conférence de presse la présidente de la Fed, Janet Yellen, qui faisait face à son plus grand défi depuis sa prise de fonctions en février 2014.

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Les spéculations sur les marchés vont repartir de plus belle

"Les perspectives à l'étranger semblent être devenues plus incertaines récemment", a ajouté la dirigeante qui a reconnu que la récente appréciation du dollar et la baisse des prix des matières premières allaient maintenir l'inflation "vraiment basse" dans les mois qui viennent.

Le statu quo monétaire n'a toutefois pas fait l'unanimité au sein du Comité de direction de la Fed. L'un de ses membres, Jeffrey Lacker, a ainsi voté contre la décision finale en faisant savoir qu'il aurait été partisan d'une hausse des taux directeurs d'un quart de point (soit 0,25 %), un scénario que beaucoup d'investisseurs semblaient privilégier.

Les spéculations sur les marchés vont donc repartir de plus belle avant les deux prochaines réunions de la Fed prévues d'ici à la fin de l'année. L'enjeu n'est pas mince : les investisseurs redoutent la fin de l'ère de l'argent bon marché qui a fait leur fortune sur les marchés boursiers.

Quant aux pays émergents, ils craignent qu'une hausse des taux ne provoque une fuite des capitaux hors de leurs territoires, vers des endroits plus sûrs et plus rémunérateurs.

L'économie américaine a progressé à un rythme "modéré"

En dehors de la conjoncture internationale, le tableau que la banque centrale a brossé de l'économie américaine est par ailleurs resté quasi-identique à celui publié il y a un mois et demi.

Selon la Fed, l'économie américaine a progressé à un rythme "modéré" tout comme les dépenses des ménages et les investissements des entreprises. Au cœur de la crise de 2008-2009, le secteur immobilier a donné de nouveaux signes "d'amélioration" tout comme le marché du travail.

Le taux de chômage américain est tombé en août à 5,1 %, au plus bas en sept ans, un niveau proche du plein emploi qui fait partie des objectifs de la Fed.

La prudence de la banque centrale se reflète également dans ses nouvelles prévisions économiques publiées jeudi. La Fed se montre ainsi plus optimiste pour la croissance cette année en tablant sur une expansion de 2,1 % sur un an au dernier trimestre 2015, contre 1,9 % attendu en juin. Elle est en revanche plus pessimiste pour 2016 en abaissant à 2,3 % contre 2,5 % sa prévision de croissance. L'inflation devrait en revanche rester bien inférieure à l'objectif de 2 % annuel visé par la Fed à 0,4 % contre 0,7 % attendu en juin.

Enfin, l'objectif de 2 % d'inflation annuelle ne serait au mieux formellement atteint qu'en 2018 alors que la Fed espérait jusque-là y parvenir en 2017, selon ces projections. Pour la première fois, Janet Yellen a indiqué que ces 2 % annuels n'étaient pas un "plafond" et que l'économie américaine pouvait supporter une inflation plus forte.

Certains économistes prétendent qu'un objectif d'inflation plus souple de la part de la Fed pourrait aider l'inflation à grimper plus vite.

Avec AFP