logo

Le Parlement fait sa rentrée, le Rassemblement national bientôt de retour au Bureau de l'Assemblée
L'Assemblée nationale fait sa rentrée mercredi en commençant par renouveler ses postes-clés : trois questeurs, six vice-présidents et 12 secrétaires. Le retour voulu par la présidente Yaël Braun-Pivet du Rassemblement national au sein du Bureau, la plus haute instance exécutive de l'Assemblée, ne fait pas l'unanimité.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, le 8 septembre 2025, au Palais Bourbon à Paris. © Bertrand Guay, AFP

C'est la rentrée. Après onze semaines de pause, le Parlement rouvre, mercredi 1er octobre, dans un certain brouillard en l'absence de gouvernement. Au menu de l'Assemblée durant deux jours, l'attribution des postes-clés, qui devrait voir le retour du Rassemblement national (RN) dans les instances de l'institution.

Cette bataille sera un test pour la solidité de l'alliance entre macronistes et le parti Les Républicains (LR), qui tentent de mettre la dernière main sur un accord de gouvernement, et de s'entendre sur la composition de l'équipe qui entourera le Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre.

L'Assemblée doit renouveler mercredi après-midi et jeudi matin les 21 membres du Bureau, sa plus haute instance exécutive, qui entourent la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance).

Les postes du Bureau pouvaient être attribués proportionnellement au poids de chaque groupe, si tous s'accordent à le faire. À défaut, des votes sont organisés pour élire les trois questeurs, six vice-présidents et 12 secrétaires.

Cette année encore il n'y a pas eu d'accord entre les groupes, la gauche refusant le retour du RN. Celui-ci a été sorti du Bureau l'an passé après un accord entre les macronistes et la droite.

La gauche avait elle profité d'une démobilisation du bloc central pour arracher une majorité de postes dans cette instance qui décide notamment des sanctions les plus sévères contre les députés, ou de la recevabilité de certains textes.

"Front républicain face à l'extrême droite"

Mais Yaël Braun-Pivet a cette fois convaincu le RN et la coalition gouvernementale de forcer la répartition proportionnelle avec leurs voix conjuguées. Le RN devrait donc revenir aux affaires, et la gauche perdre sa majorité.

"On ne parle pas de convictions politiques, on parle de places institutionnelles", a défendu mercredi sur BFMTV la présidente de l'Assemblée. "Nous avons été élus dans l'élan du front républicain face à l'extrême droite, pas pour glisser un bulletin RN dans quelque urne que ce soit", lui a répondu sur X Boris Vallaud, chef du groupe socialiste.

Chaque bloc devrait obtenir deux vice-présidences : Sébastien Chenu et Hélène Laporte, vice-présidents de 2022 à 2024, devraient être les candidats RN ; au socle commun, Roland Lescure (Renaissance) devrait faire place à Christophe Blanchet (MoDem), et Naïma Moutchou (Horizons) faire de même pour Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons).

La France insoumise (LFI) revendique de conserver ses deux vice-présidences pour Clémence Guetté et Nadège Abomangoli, ce qui aboutirait à priver l'écologiste Jérémie Iordanoff de la sienne. Les écologistes projettent de présenter quoi qu'il arrive des candidats, pour forcer un vote dans l'hémicycle et "offrir un choix républicain face au RN", selon une source parlementaire écologiste.

Seront également remises en jeu dans l'après-midi de jeudi les présidences des commissions permanentes, dont l'emblématique commission des Finances, réservée à l'opposition depuis 2007. Le socle commun tentera de reprendre les présidences des Affaires économiques et des Affaires culturelles, remportées par la gauche en 2024 à la faveur de divisions dans la coalition gouvernementale.

Le budget attendu mi-octobre

Une fois en ordre de marche, l'Assemblée va pouvoir reprendre ses travaux habituels à partir du 6 octobre. Le Premier ministre devrait prononcer une déclaration de politique générale en début de semaine, selon des sources concordantes.

Il devra aussi affronter rapidement une motion de censure de LFI. Le Parti socialiste (PS) pourrait aussi en déposer une, en fonction de ce que lui dira le Premier ministre lors d'une rencontre prévue vendredi, présentée comme celle de la "dernière chance" par Olivier Faure.

À supposer que Sébastien Lecornu surmonte l'obstacle, peu de textes pourront être examinés les deux premières semaines, en raison de la nomination tardive d'un gouvernement attendue en fin de semaine, et qui devrait faire la part belle aux sortants.

La conférence des présidents, réunissant notamment les chefs de groupe de l'Assemblée, a évoqué mardi le projet de loi dit "résilience/cybersécurité", adopté en commission le 10 septembre, et deux propositions de loi, sur les "territoires zéro chômeur de longue durée" et sur l'agrivoltaïsme.

Les conclusions de deux commissions mixtes paritaires pourraient également être approuvées, sur la simplification du droit de l'urbanisme et du logement, et sur l'emploi des seniors. Le Sénat pourrait examiner prochainement un report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie.

Une entrée en matière légère avant d'attaquer le budget 2026, attendu sur le bureau des deux chambres mi-octobre, pour une adoption en principe avant le 31 décembre.

Avec AFP