
À cinq jours des législatives anticipées, Syriza et Nouvelle Démocratie sont au coude-à-coude dans les sondages. Lundi lors d'un débat télévisé, les leaders des deux partis se sont affrontés sur les questions liées à la migration et l'économie.
Les deux principaux candidats aux législatives grecques du 20 septembre, le dirigeant de la gauche Syriza, Alexis Tsipras, et le chef de Nouvelle-Démocratie, Evangélos Meïmarakis, se sont affrontés, lundi soir, lors d’un débat télévisé.
Alors que les deux opposants sont au coude à coude dans les sondages – ils sont chacun crédité de 24,6 % des intentions de vote – ils ont tout fait pour se distinguer pendant les deux heures de joutes verbales diffusée sur la chaîne publique Ert. "Les deux chefs de parti ont voulu polariser le débat autour de deux thèmes : la politique intérieure et la politique étrangère", commente Alexia Kefalas, correspondante de France 24 en Grèce.
itLa crise migratoire au cœur des divergences
Alexis Tsipras et Evangélos Meïmarakis ont d’abord croisé le fer sur la question brûlante des migrants, réagissant à l'annonce faite lundi par l'Union européenne de recourir, à partir de début octobre, à la force militaire contre les passeurs.
Si Meïmarakis a estimé que les "immigrants illégaux" devraient être renvoyés vers leur pays d'origine, l’ancien Premier ministre a, de son côté, vigoureusement critiqué la décision de l’UE. Ce dernier estime qu'une action militaire contre les passeurs ne fonctionnerait pas dans les eaux grecques. "Des opérations de nature militaire [...] vont frapper des réfugiés innocents, pas les trafiquants [...] les bateaux arrivent sans passeurs", a expliqué l'ancien Premier ministre.
La crise migratoire a par ailleurs profité au parti d’extrême-droite, Aube dorée, qui arrive troisième dans les sondages. "La crise des migrants a alimenté leur politique xénophobe et raciste. Avec la fermeture des frontières en Allemagne et en Autriche, les Grecs ont peur que les migrants soit pris en otage en Grèce, dans une prison à ciel ouvert", explique Alexia Kefalas.
Un débat sans vainqueur
Les deux rivaux se sont ensuite écharpé sur le bilan d’Alexis Tspiras, resté sept mois aux affaires jusqu’à l’annonce, le 20 août dernier, de sa démission, ouvrant la voie à de nouvelles élections. L’ancien Premier ministre a défendu sa décision de s'aligner, cet été, sur les exigences des créanciers, UE et FMI, et d'avoir signé un troisième prêt européen, accompagné de nouvelles mesures de rigueur.
"Je peux dire que le deal que nous avons proposé est un organisme vivant. Nous allons appliquer ce deal, la partie que nous sommes obligés d'appliquer, et nous allons nous battre sur les questions principales qui restent ouvertes, pour le bénéfice du peuple", dont la réduction de la dette, les privatisations et les prêts bancaires, a lancé Alexis Tsipras.
Evangélos Meïmarakis, l'un des piliers de la droite, a de son côté appelé à un gouvernement de coalition pour lutter en faveur de la reprise économique du pays et à un maintien en l'état pendant au moins un an des termes de l'accord passé avec les créanciers. "L'accord inclut des réformes, des restructurations, des privatisations [...], nous les avons entamées, nous croyons en elles, nous pouvons les appliquer", a déclaré le leader de la droite, qui a accusé Alexis Tsipras d'avoir détruit l'économie grecque, paralysé les banques et terrorisé la population.
"Personne ne ressort vainqueur de ce débat", résume Alexia Kefalas. "En Grèce, c’est l’indécision qui règne parmi la population qui ne comprend toujours pas pourquoi ces élections ont été déclenchées", conclut la journaliste.
Avec AFP