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L'arsenal législatif ultra-répressif contre les migrants entre en vigueur en Hongrie

En Hongrie, une législation controversée destinée à endiguer le flux de réfugiés entre en vigueur mardi. Budapest projette également de lancer un chantier pour étendre sa clôture frontalière en direction de la Roumanie.

La Hongrie, déjà peu encline à accueillir des migrants, passe à la vitesse supérieure. Mardi 15 septembre, une nouvelle législation anti-migrants, votée la semaine dernière, prend effet sur ce territoire. Elle rend passible de trois ans de prison ferme le franchissement de la clôture barbelée que Budapest a fait ériger sur les 175 km de sa frontière avec la Serbie. Cette frontière a été totalement fermée pour les migrants mardi matin.

Le gouvernement a déjà annoncé que 174 migrants ont été arrêtés après avoir franchi la clôture, et que des poursuites pénales ont été immédiatement engagées à leur encontre.

La nouvelle législation autorise également un déploiement massif de l'armée dans le secteur frontalier, officiellement pour aider à l'enregistrement des migrants qui se présenteront aux points de passage légaux. Des journalistes de l'AFP ont toutefois constaté que, dès à présent, des militaires escortaient certaines patrouilles de police le long de la frontière. Un projet de loi, qui doit être voté prochainement, prévoit explicitement que l'armée pourra être affectée à la protection de la frontière et qu'elle pourra même ouvrir le feu si nécessaire.

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À compter de ce mardi, donc, les autorités hongroises recueilleront et examineront les demandes d'asile à la frontière avec la Serbie. Les demandeurs d'asile seront ensuite transférés par autocar dans des centres d'accueil répartis sur le territoire. Ceux qui refuseront de coopérer seront retenus à la frontière.

La Hongrie a aussi déclaré l’état d’urgence dans deux régions du sud du pays, frontalières avec la Serbie, en raison de la crise migratoire. Des pouvoirs spéciaux ont été octroyés à la police et aux autorités dans cette zone.

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Prolongation de la clôture frontalière vers la Roumanie

Le gouvernement hongrois a en outre annoncé qu’il prolongerait vers l’Est sa clôture frontalière en direction de la Roumanie au cas où les migrants tenteraient de prendre une autre route. "Nous avons pris la décision de commencer les travaux préparatoires pour la construction d'une clôture à partir de la frontière roumano-serbo-hongroise d'une longueur raisonnable si la pression migratoire devait se déplacer vers la Roumanie", a confirmé le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto lors d'une conférence de presse.

La Roumanie a vivement réagi à l’annonce de ce futur projet. "Le ministère des Affaires étrangères considère que l'érection d'une clôture entre deux États membres de l'Union européenne qui sont des partenaires stratégiques n'est pas correcte d'un point de vue politique et ne respecte pas l'esprit européen", a-t-il déclaré. "Cette position a été notifiée à la partie hongroise."

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Faire face à une "rébellion de migrants illégaux"

Justifiant ces mesures, le Premier ministre populiste hongrois, Viktor Orban, a estimé que la vie de ces migrants n’est plus en danger dès lors qu'ils ont quitté les zones de conflit, et qu'ils sont donc des "réfugiés économiques" à leur arrivée en Europe. Viktor Orban souligne par ailleurs qu'il est du devoir de la Hongrie de protéger sa frontière, qui marque aussi celle de la zone Schengen.

"Étant donné que nous devons faire face à une rébellion de ces migrants illégaux, la police fait son travail de façon remarquable, sans faire usage de la force", a-t-il déclaré, vendredi 11 septembre, après une rencontre avec Manfred Weber, qui préside le groupe PPE (Parti populaire européen, droite) au Parlement de Strasbourg. La police hongroise a été déclarée en "état d'alerte" dans le sud et l'ouest du pays.

Les migrants, a ajouté Viktor Orban, "ont occupé des gares, refusé de se laisser prendre leurs empreintes digitales, n'ont pas voulu coopérer et refusent d'aller là où ils pourraient recevoir de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux [...] Ils se sont rebellés contre l'ordre juridique hongrois."

Près de 200 000 réfugiés en provenance majoritairement du Moyen-Orient ont transité depuis le début de l’année en Hongrie. La quasi-totalité d’entre eux ont poursuivi leur route vers l’ouest.

Si la nouvelle législation devrait effectivement dissuader les migrants de transiter par la Hongrie, l'itinéraire le plus probable pour eux passera dorénavant par la Croatie puis la Slovénie, un autre pays de la zone Schengen jouxtant l'Autriche, comme la Hongrie.

Avec AFP et Reuters