Alors qu'elle fait face à un afflux de migrants sans précédent, l'Allemagne a décidé dimanche de réintroduire "à titre provisoire" les contrôles à ses frontières, et en particulier celle avec l'Autriche.
L'Allemagne a annoncé, dimanche 13 septembre, rétablir temporairement les contrôles à sa frontière avec l'Autriche, pour tenter de réduire le nombre de demandeurs d'asile arrivant sur son territoire.
"Actuellement, l'Allemagne introduit à titre provisoire des contrôles le long de ses frontières. En tout premier lieu est concernée celle avec l'Autriche", a ainsi déclaré dimanche après-midi le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière.
"L'objectif de cette mesure est de limiter l'afflux actuel vers l'Allemagne et d'en revenir à des procédures ordonnées pour l'entrée des personnes dans le pays", a-t-il ajouté, en parlant aussi de raisons touchant à la sécurité.
"Plusieurs centaines de policiers" ont d’ores et déjà été mobilisés dans la soirée pour contrôler les frontières, selon la police, qui a précisé qu'elle se préparait à maintenir cette mesure "sur une longue période".
Thomas de Maizière a dit avoir consulté au préalable l'Autriche voisine sur la réintroduction de tels contrôles, qui, selon lui, risquent d'occasionner des perturbations dans les transports, dont les trains.
La décision allemande "souligne l'urgence" d'un plan européen
Un peu plus tôt, les chemins de fer autrichiens avaient d'ailleurs annoncé que l'Allemagne avait interrompu la circulation des trains en provenance d'Autriche, voie par laquelle arrivent depuis des jours des milliers de migrants. Les trains allant dans le sens inverse ont également été suspendus jusqu'à lundi matin.
Par ailleurs, l'Allemagne n'est plus disposée à accepter que les réfugiés qui affluent en Europe puissent "choisir" le pays qui les accueillera, a averti le ministre de l'Intérieur. Les demandeurs d'asile doivent comprendre "qu'ils ne peuvent se choisir les États où ils chercheront protection", a-t-il dit à la presse alors que son pays attend un record de 800 000 demandeurs d'asile cette année. Les règles européennes, qui imposent que les demandes d'asile soient déposées dans le premier pays d'entrée de l'Union européenne "doivent continuer à fonctionner", a-t-il ajouté.
Cette décision n’a pas manqué de provoquer de nombreuses réactions en Europe. À commencer par la Commission européenne qui a affirmé dimanche que la décision de Berlin était compatible avec l'accord de Schengen mais qu’elle "souligne l'urgence" de parvenir à un plan européen de répartition des nouveaux arrivants.
La Commission rappelle qu'aux termes de l'accord de Schengen, qui a instauré la libre circulation chère à l'UE, la réintroduction temporaire de contrôles frontaliers entre les États membres est "une possibilité exceptionnelle explicitement prévue et régulée" en cas de situation de crise.
La République tchèque imite l’Allemagne
Ces contrôles, exceptionnels et temporaires, doivent être justifiés par une "menace grave pour la sécurité" ou des "défaillances graves aux frontières extérieures, susceptibles de mettre en danger le fonctionnement global de l'espace Schengen", selon un document de la Commission européenne.
"La situation actuelle en Allemagne apparaît, de prime abord, comme une situation couverte par les règles" de Schengen, souligne le communiqué de la Commission.
La France a également réagi par la voix de son ministre de l’Intérieur. Elle appelle "au respect scrupuleux par chacun des pays de l'Union européenne des règles de Schengen", a ainsi déclaré Bernard Cazeneuve, dimanche, dans un communiqué, à l'issue d'un entretien avec son homologue allemand. "C'est faute" du respect de ces règles par certains pays "que l'Allemagne a décidé d'établir temporairement des contrôles à ses frontières, sans procéder à leur fermeture", écrit le ministre français, pour qui l'entretien de dimanche "a permis de conforter la position commune franco-allemande".
Enfin, la République tchèque a, elle, décidé d’imiter Berlin en annonçant, à la suite de la décision allemande, de renforcer les contrôles à sa frontière avec l'Autriche, selon le ministre tchèque de l'Intérieur.
Avec AFP et Reuters