Munich, dans le sud de l'Allemagne, a lancé samedi un appel à l'aide face à l'afflux continu de réfugiés. Jusqu'à 13 000 personnes étaient attendues pour cette seule journée. La ville se plaint du manque de soutien des régions voisines.
"Munich et la Bavière à eux seuls ne peuvent pas surmonter ce grand défi", a lancé dans la soirée une porte-parole du district de Haute-Bavière. La ville du sud de l'Allemagne a appelé à l'aide, samedi 12 septembre, face à l'afflux continu de milliers de demandeurs d'asile, pour lesquels il n'y a plus assez de lits et de places d'accueil.
"Jusqu'à 13 000" personnes étaient attendues en provenance d'Autriche dans la gare de la ville pour la seule journée de samedi, a-t-elle ajouté. Ce chiffre égale par son ampleur le record enregistré dimanche dernier en 24 heures. Loin d'être une situation exceptionnelle, comme l'affirmait Berlin, l'afflux du week-end dernier n'était que l'amorce d'un phénomène manifestement appelé à durer. Munich est à la "limite" de ses capacités d'accueil, a estimé la police.
itUn record de 20 000 migrants en un weekend ?
Point d'entrée dans l'"Eldorado" allemand des demandeurs d'asile fuyant guerres et persécutions via les Balkans, la ville de Munich vit une situation inédite en Allemagne, où 800 000 demandeurs d'asile sont attendus cette année.
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"Il nous manque actuellement entre 1 000 et 5 000 hébergements d'urgence", a souligné la porte-parole. Devant l'afflux de migrants, dont de nombreux réfugiés syriens, l'Allemagne a réquisitionné des casernes, installé des containers d'habitations et monté des tentes.
Si le flux en provenance d'Autriche et de Hongrie ne tarit pas dimanche, l'Allemagne accueillera un nombre de migrants comparable voire supérieur à celui du week-end précédent, soit environ 20 000, un record.
Dormir dehors
Au grand dam de certains pays d'Europe de l'Est, l'Allemagne a décidé d'ouvrir ses portes. Mais les autorités ont désormais du mal à faire face à l'afflux. "Le problème ne vient pas d'eux [les Allemands], c'est juste qu'il y a trop de monde", a expliqué à l'AFP Adel, un réfugié syrien de 22 ans.
"Nous pensons que 5 000 personnes ce soir ne sauront pas où aller" pour passer la nuit, prévient un haut responsable de l'administration locale, Christoph Hillenbrand.
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"La ville est débordée", a déclaré de son côté, Dieter Reiter, le maire social-démocrate qui s'inquiète de savoir où vont dormir ces milliers d'arrivants. "Nous ne savons plus comment faire avec les réfugiés", a-t-il ajouté. Munich se plaint du manque de soutien des autres régions allemandes.Toute prise en charge par d'autres régions de quelques centaines de réfugiés "nous aiderait à éviter le chaos", a ajouté le maire Dieter Reiter, à la gare.
Les médias allemands évoquent la possibilité qu'un grand centre ferroviaire soit mis en place dans le Nord de l'Allemagne pour désengorger le Sud. Il permettrait aux trains arrivant d'Autriche de poursuivre directement leur route vers le nord sans passer par Munich. Mais le gouvernement n'a pas confirmé.
Les autorités locales envisagent aussi de réquisitionner le stade olympique de la métropole, où ont eu lieu les JO d'été de 1972, pour des hébergements. Et l'armée allemande est mobilisée pour aider à gérer la situation. Elle a annoncé dimanche mettre 20 000 places d'hébergement à disposition.
Samedi quelque 600 soldats ont été mobilisés pour aider à gérer l'afflux des demandeurs d'asile, selon un porte-parole du ministère allemand de la Défense, et au total 4 000 sont en alerte en cas de besoin. "Là où on a eu besoin de nous nous avons aidé et si le besoin grandit nous dépècherons des soldats supplémentaires", a précisé à l'AFP ce porte-parole.
Des lits sur le site de la foire de la ville
Pour parer à l'urgence durant la nuit de samedi à dimanche, la ville de Munich avait installé des lits sur le site de la foire de la ville. Quelques dizaines de demandeurs d'asile ont dû dormir dehors à même le sol sur des matelas isotherme et avec des couvertures, faute de place dans les centres, selon la radio-télévision publique bavaroise BR.
C'est toutefois moins que ce qu'avaient redouté les autorités initialement: elles craignaient que plusieurs centaines d'entre eux ne doivent en passer par là. Selon la chaîne, sur son site internet, Munich "est passée très près d'une catastrophe humanitaire".
À la gare, quelques pancartes de bienvenue étaient brandies dimanche matin par une poignée de personnes, mais on était loin des haies d'honneur géantes des derniers jours ou des vivats des habitants distribuant victuailles et jouets pour les enfants.
L'enthousiasme a fait place à une forme de routine : sitôt descendus des trains réguliers en provenance d'Autriche, les migrants sont conduits par la police vers de premiers centres d'accueil. "Ils nous accueillent quand même, ils nous accueillent avec tout, de la nourriture, tout. Ils sont si gentils en Autriche et en Allemagne", s'émerveille Adel.
Faute de bus ou de conducteurs, certains migrants doivent marcher, en cortège de plusieurs centaines de personnes, escortés par des policiers, jusqu'à leur premier centre d'accueil.