, correspondant à Islamabad – Pour la troisième fois en trois mois, Lahore (est du Pakistan) a été frappée par un attentat. Un commando a attaqué un immeuble de la police en plein centre ville. Le bilan fait état, pour le moment, de 300 blessés et d'au moins 23 morts.
Lahore, la grande ville de l'est du Pakistan et la capitale culturelle du pays, est touchée par des attentats en série. Pour la troisième fois en trois mois, une attaque a eu lieu ce mercredi matin vers 9h30 lorsqu'une voiture kamikaze a foncé vers un bâtiment de la police qui abritait l'antenne régionale des services secrets pakistanais.
Selon des témoignages recueillis sur place, plusieurs hommes vêtus à l'occidental et rasés de près sont d'abord descendus d'une Toyota blanche et ont tiré sur les policiers de garde à l'arme automatique. La fusillade a duré plusieurs minutes jusqu'à ce que la voiture tente de pénétrer dans l'enceinte. Mais elle est restée bloquée par la barrière de sécurité et le kamikaze a fait actionner la charge.
Les Taliban montrés du doigt
La détonation a été entendue dans toute la ville et la façade du bâtiment a été pulvérisée. Tout autour, le quartier offre un spectacle de désolation. Les voitures garées à proximité ne sont plus que des carcasses, les vitrines des magasins ont été soufflées et plusieurs immeubles voisins ont été évacués car ils risquent de s'écrouler. Des débris de verre et des morceaux de bétons jonchent le sol. L'explosion s'est produite en plein centre ville, non loin de l'Assemblée provinciale et des bureaux du gouverneur.
Les ambulances sont arrivées sur place très rapidement. Le dernier bilan officiel est lourd : on compte 23 morts et plus de 300 blessés. Ces chiffres sont encore provisoires car des policiers sont coincés sous les décombres.
Pour l'instant, on ne sait pas qui a planifié l'attentat mais le mode opératoire fait penser à l'attaque contre l'académie de police de Lahore le 30 mars dernier. Ce jour-là, des terroristes s'étaient infiltrés dans l'école et avaient tué une dizaine de d'élèves.
Offensive de l'armée dans la vallée de Swat
La police assure qu'elle a interpellé quatre suspects. Reste à savoir s'ils sont effectivement impliqués. Déjà après l'attaque contre l'école de police, les autorités avaient arrêtés des suspects qui avaient ensuite été relâchés faute de preuve.
Cette attaque intervient alors que l'armée pakistanaise mène depuis un mois une offensive contre les Taliban dans le nord-ouest du pays. Les militaires pakistanais assurent avoir tués plus de 1 000 insurgés alors que 2,5 millions de personnes ont fui les combats qui se concentrent maintenant autour de la ville de Mingora, le chef-lieu de la vallée de Swat et ancien bastion des combattants islamistes.
Très affaiblis militairement, les Taliban avaient annoncé, lundi par la voix de leur porte-parole, Muslim Khan, qu'ils se retireraient de Mingora. Mais ils pourraient mener des attentats dans les grandes villes du pays en représailles. Pour Rehman Malik, le ministre de l'Intérieur, "ces terroristes ont été vaincus dans les zones tribales et à Swat. Et maintenant, ils sont venus ici [à Lahore, ndlr]".