
Une nouvelle vidéo venant de Hongrie choque l'opinion publique sur le traitement des réfugiés dans le pays de Viktor Orban. Le dirigeant hongrois a par ailleurs déclaré devoir faire face à "une rébellion de migrants illégaux".
C'est la seconde vidéo venue de Hongrie en quelques jours qui révèle la manière dont sont traités les migrants dans ce pays. Des images tournées dans un camp d'accueil à la frontière serbe montrent les conditions "inhumaines" dans lesquelles la nourriture est distribuée et soulignent à quel point Budapest est dépassé par l'afflux de personnes cherchant à rejoindre l'Europe de l'Ouest.
Filmée en secret par une bénévole autrichienne dans le camp de migrants de Röszke, le plus grand du pays, à la frontière avec la Serbie, cette séquence montre quelque 150 migrants se bousculant entre des barrières dans une grande salle pour tenter d'attraper des sandwiches que leur lancent des policiers hongrois, portant des casques et des masques hygiéniques.
Des policiers lancent du pain à des migrants dans un camp en Hongrie
Si ceux qui se trouvent devant se voient distribuer les sandwiches de la main à la main, rien n'est prévu pour leur permettre de ressortir. C'est à ceux qui restent coincés derrière que les sandwiches sont envoyés à la volée.
"Un Guantanamo en Europe"
Des femmes et des enfants sont dans cette foule mouvante et chaotique, tentant d'attrapper le pain volant dans les airs, tandis que certains au fond escaladent les barrières pour tenter d'attirer l'attention de ceux qui distribuent la nourriture.
"C'était comme de nourrir des animaux enfermés dans un enclos, comme un Guantanamo en Europe", s'est indigné Klaus Kufner, un des bénévoles venus apporter de la nourriture, des vêtements et des médicaments. Sa collègue Michaela Spritzendorfer a filmé la séquence, diffusée sur YouTube jeudi soir.
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"C'était inhumain, et cela dit aussi quelque chose de ces gens (les migrants) de voir qu'ils ne se sont pas battus pour la nourriture, alors que manifestement ils avaient très faim", a commenté Michaela Spritzendorfer.
"Rébellion de migrants illégaux"
La police hongroise a indiqué en fin de matinée vendredi qu'une enquête avait été ordonnée afin d'"établir les faits".
Alors que l'agence de l'ONU pour les réfugiés a critiqué mardi les conditions très dures au camp de Röszke, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a lui félicité la police pour son "travail remarquable". Le dirigeant conservateur, qui a fait ériger à la frontière avec la Serbie une barrière de barbelés de quatre mètres de haut pour dissuader les migrants, a également dit que son pays avait à faire face à "une rébellion de migrants illégaux".
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Les migrants, a ajouté Viktor Orban, "ont occupé des gares, refusé de se laisser prendre leurs empreintes digitales, n'ont pas voulu coopérer et refusent d'aller là où ils pourraient recevoir de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux (...) Ils se sont rebellés contre l'ordre juridique hongrois".
Le Premier ministre hongrois a également averti qu'une nouvelle législation sur l'immigration entrerait en vigueur le 15 septembre. Après cette date, les clandestins qui franchiront la frontière seront arrêtés. Rien que pour la journée de jeudi, 3 601 migrants ont été interpellés par la police hongroise à la frontière.
Le nombre de réfugiés en Hongrie, porte d'entrée dans l'espace communautaire européen via les Balkans, pourrait atteindre cette année 400 000 ou 500 000, selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto. Plus de 170 000 ont déjà été enregistrés.
Avec AFP et Reuters