![Pourquoi les États-Unis n’accueillent-ils pas plus de migrants ? Pourquoi les États-Unis n’accueillent-ils pas plus de migrants ?](/data/posts/2022/07/20/1658327084_Pourquoi-les-Etats-Unis-n-accueillent-ils-pas-plus-de-migrants.jpg)
Des voix s'élèvent aux États-Unis pour que Washington accepte d'accueillir plus de migrants syriens. La Maison Blanche rappelle avoir déjà débloqué plus de 4 milliards de dollars d'aide humanitaire et attend 3 000 Syriens d'ici la fin de l'année.
Les États-Unis doivent-ils eux aussi accueillir des migrants syriens ? La question se pose de plus en plus outre-Atlantique et la Maison Blanche a été contrainte de réagir, mardi 8 septembre, déclarant qu'elle envisageait de nouvelles mesures. L'objectif de Washington est d'aider ses "alliés et partenaires" en Europe à faire face à cette crise humanitaire, a indiqué Josh Earnest, porte-parole du président Barack Obama.
Depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011, qui s'est progressivement muée en guerre civile, 1 500 Syriens ont obtenu le statut de réfugiés aux États-Unis, la plupart cette année. Et le département d'État en attend environ 3 000 d’ici la fin de l’année.
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Des voix se sont donc élevées le week-end dernier pour presser Washington de venir en aide à l'Europe. David Miliband, ancien ministre britannique des Affaires étrangères qui dirige aujourd'hui l'International Rescue Committee, a notamment appelé les États-Unis à faire preuve "des qualités de leadership qu'ils ont su montrer dans ce genre de crises".
"Les États-Unis, a-t-il dit dimanche sur ABC, ont toujours été à la pointe des questions de réinsertion de réfugiés, mais n'accepter que 1 500 personnes ces quatre dernières années est une contribution minuscule en réponse à l'aspect humain de ce problème."
Le Church World Service appelle la Maison Blanche à accueillir 100 000 Syriens
Une pétition en ligne lancée sur le site MoveOn.org a par ailleurs recueilli près de 1 300 signatures en faveur d'une plus grande ouverture des frontières aux réfugiés fuyant la guerre civile. "Nul n'est mieux équipé que les États-Unis pour venir en aide au peuple syrien", écrivent les initiateurs de ce projet.
Dans leurs commentaires, certains signataires évoquent un impératif moral face à une crise humanitaire. D'autres rappellent Washington à ses responsabilités dans l'intervention militaire en Irak en 2003 et ses répercussions sur tout le Moyen-Orient.
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L'impact sur l'opinion de la photo du petit Aylan, un garçon syrien de 3 ans mort noyé et rejeté par la mer sur une plage de Turquie, a modifié certaines perceptions, tout comme l'appel lancé dimanche par le pape François. Ce dernier a demandé à chaque paroisse catholique d'Europe de prendre en charge une famille de réfugiés. Et cet appel trouve aussi un écho aux États-Unis, où le chef de l'Église catholique est attendu dans deux semaines.
Une organisation humanitaire américaine, le Church World Service, qui regroupe 37 organisations chrétiennes, a ainsi appelé la Maison Blanche à accentuer ses efforts dans la crise des réfugiés syriens et a proposé l'accueil de 100 000 personnes en 2016.
"Historiquement, notamment après la Seconde Guerre mondiale, les États Unis ont accueilli de nombreuses victimes. Il est temps de relever ce nouveau défi et de se dire qu'on peut le faire, qu'on peut accepter ces familles syriennes qui ne peuvent pas rentrer chez elles", a affirmé Christine Baer, du Church World Service, au micro de France 24.
Des préoccupations sécuritaires mises en avant
Dans sa déclaration, le porte-parole de la Maison blanche rappelle que les États-Unis ont débloqué plus de 4 milliards de dollars d'aide humanitaire depuis le début de la crise en Syrie, dont plus d'un milliard cette année.
L'administration fédérale met également en avant une préoccupation sécuritaire : éviter que des jihadistes de l’organisation de l'État islamique (EI) ou d'Al-Qaïda se mêlent à des réfugiés pour s'implanter sur le sol américain, d'où un lent processus de vérification et de "screening" des dossiers.
Pour les mêmes raisons, l'opposition républicaine, majoritaire au Congrès, est également vent debout contre toute ouverture supplémentaire. Michael McCaul, président républicain de la commission des Affaires intérieures de la Chambre des représentants, soulignait en juin que "le conflit syrien [constituait] un cas unique qui nécessite vigilance et surveillance" parce que, ajoutait-il dans une lettre à Barack Obama, "il [représentait] la plus forte convergence de terroristes islamistes de l'Histoire".
Un discours jugé "épouvantable" par James Zogby, président de l'Arab American Institute, qui pointe l'islamophobie et la "confusion entre Syriens, Irakiens et terroristes".
Avec AFP et Reuters