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François Hollande s’est engagé, lundi, à accueillir 24 000 réfugiés en France tout en demandant un contrôle plus strict aux frontières de l’Europe pour distinguer "ceux qui relèvent du droit d'asile et ceux qui doivent être raccompagnés".

La crise migratoire est "dramatique, elle est grave", mais "elle peut être maîtrisée et elle le sera", a assuré François Hollande, lundi 7 septembre, lors de sa sixième conférence de presse, à l'Élysée. Le président français a assuré que la France allait accueillir 24 000 nouveaux réfugiés ces deux prochaines années, conformément au plan de répartition de la Commission européenne. Son président, Jean-Claude Juncker, a appelé les pays membres à se répartir les 120 000 réfugiés ayant fui les zones de guerre et actuellement dispersés entre la Grèce, l’Italie et la Hongrie.

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Jusqu'à présent, la France avait pris un engagement de principe pour l'accueil de 9 000 réfugiés et demandeurs d'asile, dans le cadre de propositions de la Commission européenne portant sur 60 000 personnes au total. Mais "c'est le devoir de la France, où le droit d'asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair", une France "marquée par des générations d'exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire la France avec nous", a ajouté le chef de l'Etat.

La libre circulation en jeu

Alors que les Européens peinent à s'accorder sur l'accueil des réfugiés, François Hollande a averti que c'était la survie même de la libre circulation en Europe qui était menacée si les États-membres ne jouaient pas le jeu de la "solidarité" et de la "responsabilité".

Un "mécanisme nouveau" doit maintenant être adopté par les pays européens, et "s'il n'y a pas cette politique d'ensemble, ce mécanisme ne fonctionnera pas, il explosera, et ce sera à ce moment-là un afflux considérable et sans doute la fin de Schengen, le retour aux frontières nationales", a-t-il estimé. Il a de nouveau plaidé pour le "mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés pour répartir l'effort entre tous les pays européens", proposé la semaine dernière avec Angela Merkel.

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Alors que plus de 360 000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année selon les Nations unies, Bruxelles espère mettre en œuvre au plus vite une forme de solidarité européenne. Actuellement, l’Italie, la Grèce, la Hongrie ainsi que l’Allemagne, accueillent la plus grande partie des migrants fuyant la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan. Pour ce week-end seulement, 20 000 personnes ont été accueillies en Allemagne.

Distinguer les réfugiés parmi les migrants

La France s’attend, de son côté, à enregistrer 60 000 demandes d’asile pour 2015, soit un "chiffre pratiquement stable", selon le chef de l’État qui a donc annoncé, au nom "du principe de solidarité", qu'il était "prêt à accueillir", dans les prochaines semaines, "plusieurs centaines voire un millier" de réfugiés fraîchement arrivés en Allemagne.

Cela sera-t-il suffisant ? Quelque 417 000 demandes d’asile ont été déposées dans les 28 pays membres de l’Union européenne au cours du premier semestre 2015. Mais François Hollande s’est attaché à distinguer les migrants "qui peuvent prétendre au statut de réfugiés" à ceux motivés par "d’autres objectifs", à savoir des raisons économiques. "On peut les comprendre mais on ne peut pas les recevoir", a tranché François Hollande.

Il a donc plaidé pour la mise en place de "centres de contrôle et d'enregistrement" aux frontières de l’Union qui seront en charge "d’accueillir", mais aussi "d’établir la distinction entre ceux qui relèvent du droit d'asile et ceux qui doivent être raccompagnés de façon digne". Il souhaite enfin compléter ce dispositif par l’aide à la création de "centre d’accueil des réfugiés de l'autre côté de la Méditerranée", pour "retenir, accueillir ces populations au plus près de leur pays d'origine", sinon "nous serons face non plus à une crise de déplacés mais à une crise humanitaire gigantesque, qui ne sera plus sur des milliers mais sur des centaines de milliers" de personnes, a prévenu François Hollande. Le président de la République a demandé la tenue d'un sommet international de la Valette pour aborder ce vaste dossier.

Avec AFP