
Chaque jour des centaines de migrants empruntent "la route des Balkans". Plus longue mais moins dangereuses que la traversée de la Méditerranée, cette route commence en Grèce et se termine pour la plupart des demandeurs d'asile en Allemagne. Sur ce trajet, un mur a été érigé entre la Serbie et la Hongrie, porte d’entrée dans l'espace Schengen et donc point de passage stratégique. Nos reporters ont suivi des Syriens qui fuient la guerre dans leur pays et tentent de gagner l'eldorado allemand.
Lorsque nous avons décidé de partir faire ce reportage pour France 24, nous voulions filmer la construction du nouveau "mur" hongrois, ces 175 kilomètres de barbelés situés à la frontière avec la Serbie. Le dernier symbole en date d’une Europe qui tente par tous les moyens de se barricader.
Pour nous, c’était un comble que la Hongrie, justement, reconstruise ce "rideau de fer". En 1989, les Hongrois avaient été les premiers à ouvrir leur frontière pour permettre aux Allemands de l’Est de fuir leur pays… Nous sommes parties sur place pour nous confronter à la réalité de ce nouveau mur et à la terrible ironie de l’Histoire.
Nous avons commencé notre reportage côté serbe de la frontière, dans la petite ville d’Horgos, qui touche cette barrière de barbelés. Nous étions venues pour voir ce "rideau de fer" mais nous nous sommes retrouvées face à une crise humanitaire historique.
Nous sommes arrivées en Serbie le 23 août. La veille, la Macédoine, voisine de la Serbie, avait décidé de rouvrir sa frontière. Ce dimanche-là, 7 000 réfugiés avaient donc repris leur chemin vers le Nord. Ils étaient en Serbie, prêts à pénétrer dans l’espace Schengen en passant par la bourgade d’Horgos.
En une seule journée, nous avons vu des centaines de personnes franchir les barbelés, à travers une brèche. Comme chaque jour depuis lors.