L’équipe de France a terminé 31e nation sur les 43 médaillées lors des mondiaux d’athlétisme 2015 à Pékin. Une bien maigre moisson. Faut-il être inquiet, à un an des Jeux olympiques de Rio ?
C’est le plus mauvais bilan pour l’athlétisme français depuis 22 ans : deux petites médailles de bronze, et c’est tout. Seuls Renaud Lavillenie à la perche et Alexandra Tavernier au lancer du marteau ont permis à la France d’éviter un zéro pointé lors des mondiaux de Pékin, qui se sont achevés dimanche 30 août après une semaine de compétition. Des résultats pour le moins surprenants au regarde des 20 médailles, dont neuf en or, décrochées lors des championnats d'Europe de Zurich en 2014. Alors que les Jeux olympiques de Rio arrivent à grand pas, cette contre-performance est elle un mauvais présage ? Décryptage.
• Les absents étaient nombreux
La France s’est présentée avec une équipe diminuée par l'absence de nombreux blessés : Yohann Diniz (marche), Teddy Tamgho (triple saut), Mahiedine Mekhissi (3000 m steeple), Eloïse Lesueur (saut en longueur) ou Antoinette Nana Djimou (heptathlon) manquaient notamment à l’appel.
"Nous avions 14 athlètes qui étaient absents et qui auraient pu se hisser en finale" explique le président de la Fédération française Bernard Amsalem. Dans ces conditions, pas évident de briller.
• Des contre-performances inattendues
Celui qui résume le mieux la mauvaise passe française, c’est peut être Christophe Lemaitre. Habitué des records, l’Aixois n’a pas pu faire mieux qu’une demi-finale du 200 mètres. Revenu d’une blessure aux muscles fessiers, le premier sprinteur blanc a être descendu en dessous de 10 secondes au 100 mètres, en 2010, peine a revenir sur le devant de la scène.
Lors de ces mondiaux, la première déception est venue, et c’est paradoxal, du perchiste Renaud Lavillenie, détenteur du record du monde à 6,16 m. Alors certes, il apporte une médaille à l’équipe de France, mais pas dans le métal espéré. Favori pour le titre, qui aurait pu placer la France à la 11e place du tableau général, Lavillenie n’a pas fait mieux que la troisième place, déclenchant les quolibets des observateurs, et une réponse cinglante de son entraîneur via les réseaux sociaux.
Les deux plus gros raté sont cependant venus des courses : le relai masculin, composé de Emmanuel Biron, Guy-Elphège Anouman, Jimmy Vicaut et Christophe Lemaitre, avait réalisé de bonnes performances lors des qualifications, mais a échoué en finale à la 5e place. Même constat pour le 110 mètres haies masculin. Alors que la France classait trois coureurs en finale, aucun n'a fini sur le podium : 4e pour Pascal Martinot-Lagarde, 5e pour Dimitri Bascou et 8e pour Garfield Darien.
• Des raisons d’espérer
Pas de quoi paniquer, toutefois, estime le directeur technique national, Ghani Yalouz : "C'est moins catastrophique que ce que j'aurais pu imaginer" explique-t-il dans "L’Équipe". Le dirigeant cite notamment les bonnes surprises françaises, car il y en a eu : Alexandra Tavernier, seulement 21 ans et médaillée de bronze au marteau ou encore Pierre-Ambroise Bosse, 5e du 800m à seulement 23 ans. Ces mondiaux ont été l’occasion de voir des espoirs français exposés au premier plan
De son côté, Renaud Longuèvre, le manager des équipes de France, refuse de céder au catastrophisme, mais assure qu'une remobilisation est nécessaire. "Ma première réaction, c'est la colère. Je pense qu’on s’est vu trop beau avec les 23 médailles de Zurich. On avait l’impression que le moindre Français qui mettait le pied sur la piste allait décrocher une médaille. Et dans l’inconscient collectif, on s’est vu trop beau. Je me mets dans le lot. […] Mais d'un autre côté, c’est positif, car aucun n’ira à Rio avec le sentiment d'avoir réussi son Championnat et c'est idéal pour reconstruire et repartir dans l'humilité".
Dans le marasme français, il reste une raison d’espérer : le faible nombre d’éliminations en séries (seulement 20 %) montre que les athlètes français ont les moyens de se faire une place auprès des grands.