Les autorités hongroises ont arrêtés quatre hommes après la découverte, jeudi, des corps de 71 migrants dans un camion abandonné sur le bord d'une autoroute autrichienne. Il doivent comparaître samedi devant la justice.
Deux jours après la découverte des corps de 71 migrants en Autriche, quatre hommes font face à la justice, samedi 19 août. Arrêtés par les autorités hongroises vendredi, ils sont soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire du camion, abandonné sur la bande d'arrêt d'urgence d'une autoroute autrichienne, dans lesquel les cadavres des migrants ont été retrouvés.
Il s'agit de trois Bulgares - l'un d'entre eux, d'origine libanaise, est le propriétaire du camion - et d'un Afghan. Ces quatre hommes sont soupçonnés d'être "les petites mains [...] d'un gang bulgaro-hongrois de trafic d'êtres humains", selon le porte-parole de la police autrichienne, Hans Peter Doskozil. Une audience est prévue samedi en fin de matinée en Hongrie pour décider si les quatre hommes seront placés en détention provisoire.
L'Autriche a d'ores et déjà annoncé qu'elle cherchera à obtenir leur extradition.
Les 71 migrants étaient "probablement" des réfugiés originaires de Syrie, a annoncé vendredi la police autrichienne.
Un peu plus tôt dans la journée, les autorités autrichiennes avaient annoncé avoir finalement extrait les 71 cadavres en décomposition du poids lourd : "59 hommes, huit femmes et quatre enfants, dont une fillette âgée d'un ou deux ans et trois garçons de 8, 9 ou 10 ans."
"Il faut faire bien davantage"
Les forces de l'ordre ont indiqué que le moment et la raison des décès restaient à déterminer, mais qu'il y avait "une certaine probabilité" pour que les réfugiés soient morts asphyxiés.
Ce drame, qui souligne l'ampleur de la crise migratoire a suscité une émotion très vive à travers le monde. Le chancelier autrichien Werner Fayman s'est entretenu par téléphone avec le chef de l'Etat français François Hollande. Selon la présidence française, "ils ont tous deux marqué leur détermination à lutter avec une fermeté sans faille contre les filières de trafiquants d'êtres humains et à garantir les frontières extérieures de l'Europe".
Ils ont aussi, selon le communiqué, "appelé à la mise en oeuvre sans délai des décisions prises par le Conseil européen". Parmi ces mesures, rappelle l'Élysée, figurent l'ouverture des "centres d'accueil nécessaires en Italie et en Grèce" ou la répartition "équitable" des demandeurs d'asile entre les États membres de l'Union.
"Il faut faire bien davantage" pour résoudre la crise migratoire en Méditerranée et en Europe, a affirmé de son côté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, annonçant une réunion sur le sujet en marge de l'Assemblée générale de l'instance fin septembre.
"Agir avec humanité, compassion et respect"
"Je lance un appel, a-t-il dit, à tous les gouvernements impliqués pour qu'ils fournissent des réponses globales, qu'ils développent des canaux légaux et sûrs de migration et qu'ils agissent avec humanité, compassion et respect de leurs obligations internationales."
En lien avec une autre tragédie survenue en mer cette semaine, la justice italienne a annoncé avoir arrêté dix passeurs. Quelque 52 migrants avaient été découverts mercredi, morts d'asphyxie dans un bateau qui les transportait vers l'Europe.
Plus de 300 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et plus de 2 500 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l'Europe, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
La Suisse, l'Allemagne et l'Italie vont lancer en septembre une unité d'intervention conjointe chargée de détecter et de démanteler les réseaux de passeurs qui amènent les réfugiés et migrants en Europe, ont indiqué les autorités suisses.
L'UE fait face au pire afflux de migrants depuis la Seconde Guerre mondiale. Près de 340 000 personnes ont franchi les frontières de l'UE durant les sept premiers mois de l'année.
Avec AFP