Plus de 900 lots d'objets personnels du défunt mime Marceau sont vendus aux enchères, mardi et mercredi, à l'Hôtel Drouot. Au grand dam de ses fans qui craignent que ces souvenirs ne quittent le territoire français.
REUTERS - Des souvenirs de Marcel Marceau, qui éleva le mime au rang de grand art à travers le personnage de Bip et influença des artistes comme Michael Jackson, sont dispersés cette semaine aux enchères à Paris.
"La parole n'est pas nécessaire pour exprimer ce qu'on a sur le coeur", disait le mime disparu en 2007, qui était au moins aussi connu au Japon et aux Etats-Unis qu'en Europe.
"Au cours de sa longue carrière, Marcel Marceau va porter l'art du mime sur les scènes du monde entier, brisant les frontières de la langue et redonnant à cet art une envergure cosmopolite et populaire", écrit l'une de ses filles, Camille, dans le catalogue de la vente, prévue mardi et mercredi à Drouot.
Né en 1923 à Strasbourg dans une famille juive d'origine polonaise - son père est mort à Auschwitz -, Marcel Mangel choisira Marceau comme nom de scène.
Peintre à ses heures, il opte pour le mime et reconnaît l'influence du théâtre No, du Kabuki et de la Commedia dell'arte.
En 1947, il crée son personnage fétiche, Bip, "Pierrot lunaire, hurluberlu blafard", selon la définition de l'artiste, inspiré à la fois du "Bip" de Charles Dickens dans "Les Grandes espérances" et du "Kid" de Charles Chaplin.
Parmi les 900 objets exposés à Drouot, le plus émouvant est sans doute le chapeau élimé de Bip orné d'une modeste fleur de tulle rouge, estimé entre 800 et 1.000 euros.
Plusieurs costumes - composés le plus souvent de chaussons, d'un pantalon blanc, d'une marinière et d'une veste à gros boutons - sont proposés à partir de 1.500 euros.
On trouve en outre des livres et des tableaux, dont 140 peints par Marcel Marceau, des masques de théâtre japonais et un joli automate représentant un charmeur de serpents. Intitulé "Magicien turc", il est estimé entre 7.000 et 9.000 euros.
Des dizaines de photos souvenirs, dont l'une le représente à la fin des années 1980 aux côtés d'un Michael Jackson au faîte de sa gloire, témoignent de sa carrière déroulée sur toutes les scènes de théâtre du monde.
"C'est une vente qui s'adresse à un public très large : ses anciens élèves, des fans du monde entier, des institutions", note Rodolphe Tessier, commissaire-priseur chargé de la vente qui pourrait selon lui rapporter au moins 300.000 euros.
Marcel Marceau avait à la fin de sa vie de lourdes dettes envers l'Etat français, qui a refusé la transformation de sa maison de Berchères-sur-Vesgres (Eure-et-Loir) en musée du mime, comme il l'avait souhaité. La vente de Drouot est donc une vente judiciaire, à l'issue de laquelle la propriété de l'artiste devrait être cédée à son tour.