
L'organisation de l'État islamique a fait exploser un célèbre temple dans la ville syrienne antique de Palmyre, a annoncé dimanche le directeur des Antiquités syriennes. Le bâtiment est en grande partie détruit.
Il était l'un des joyaux de la Syrie. Le célèbre temple de Baal à Palmyre a été détruit dimanche 23 août par les jihadistes de l'organisation de l'État islamique. L'EI, qui a déjà détruit plusieurs joyaux archéologiques en Irak, s'est emparé en mai dernier de Palmyre, ville antique surnommée "la perle du désert", classée par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'Humanité.
Le temple de Baalshamin a commencé à être érigé en l'an 17 puis a été agrandi et embelli par l'empereur romain Hadrien en 130. Baalshamin est le dieu du ciel phénicien. C'est le sanctuaire le plus important après celui de Bêl, selon le musée du Louvre à Paris.
"Nos plus sombres prédictions sont malheureusement en train de se réaliser", a déploré Maamoun Abdulkarim, le directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie, réagissant à l'annonce de la destruction.
Les jihadistes "ont commis des exécutions dans le théâtre antique, ils ont détruit en juillet la fameuse statue du Lion d'Athéna, qui se trouvait à l'entrée du musée de Palmyre, et ont transformé le musée en tribunal et en prison. Ils ont également assassiné mardi l'ancien directeur des Antiquités de la ville", a-t-il poursuivi.
Après avoir pris Palmyre aux forces du régime syrien, l'EI avait exécuté dans et à l'extérieur de la ville plus de 200 personnes, dont 20 abattues dans le théâtre antique. Il y a moins d'une semaine, le groupe extrémiste, qui considère les œuvres religieuses préislamiques, notamment les statues, comme de l'idolâtrie, avait décapité l'ancien chef des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Assaad, un octogénaire de 82 ans, réputé dans le monde entier pour sa connaissance de ce site antique unique.
Barbares
L'Unesco, la France et les États-Unis ont dénoncé pour leur part un meurtre "brutal" perpétré par des "barbares".
L'Unesco s'était déjà insurgé le 3 juillet contre la destruction d'œuvres d'art de Palmyre. "La destruction de bustes funéraires en provenance de Palmyre, en place publique, devant des foules et des enfants que l'on convoque au saccage de leur patrimoine est un spectacle d'une perversité glaçante", avait dénoncé sa directrice Irina Bokova.
Les jihadistes, qui contrôlent de larges pans de territoires irakien et syrien, ont détruit en avril en Irak à coups de bulldozers, de pioches et d'explosifs le site archéologique de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondée au XIIIe siècle. Ils s'en sont également pris à Hatra, une cité de la période romaine vieille de 2 000 ans, et au musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak.
Plus de 300 sites historiques syriens ont été endommagés, détruits ou pillés au cours du conflit débuté il y a plus de quatre ans, selon l'ONU.
Avec AFP