La question de la sécurité dans les transports en commun, une cible de choix pour les terroristes, a refait surface après l'attaque avortée dans un train Amsterdam-Paris.
Tandis que les enquêteurs interrogent samedi le suspect qui s'apprêtait à provoquer un bain de sang à bord d'un train Thalys reliant Amsterdam à Paris, la question de la sécurité dans les transports en commun se pose à nouveau.
Et pour cause, les gares ferroviaires ne bénéficient pas de la même qualité de surveillance que les aéroports, désormais ultra-sécurisés, même si les experts du terrorisme aiment à rappeler que le risque zéro n’existe pas.
Le suspect qui est monté à bord du Thalys à Bruxelles n’est pas passé par un portique de détection de métaux et ses bagages, où il avait dissimulé son AK-47 et le reste de son arsenal, n’ont pas été inspectés à l’aide d’un scanner. "Il n’existe pas de contrôle systématique des passagers et de leurs effets, par conséquent, des failles sont toujours possibles, car nous n'avons pas les capacités pour sécuriser l’ensemble des installations susceptibles d’être visées par ces actes", explique à France 24, Jean-Charles Brisard, directeur du Centre d’analyse du terrorisme (CAT).
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Dans le meilleur des cas, dans une gare française, le suspect aurait pu subir un contrôle d’identité dans le cadre du plan Vigipirate. "Quand on va prendre un Thalys à la gare du Nord, on voit très bien la différence entre les pays membres de l’espace Schengen de libre circulation des personnes et les autres, comme la Grande-Bretagne", décrypte Louis Bernard, consultant et analyste dans le domaine de la sécurité. "Si on prend l’Eurostar pour Londres, on doit faire contrôler ses bagages par un système qui ressemble à celui des aéroports. En revanche, si on prend le Thalys pour aller à Bruxelles ou Amsterdam, on monte à bord du train, comme si on allait à Lyon, sans aucun contrôle." Et d'ajouter : "Il est certain qu’il est impossible de sécuriser tous les trains de la même façon".
Les transports en commun, une cible fréquente
Pourtant, la probabilité d'une attaque terroriste menée à bord d'un train ou d’un bus figure en tête des scénarii privilégiés par les terroristes, et reste un casse-tête pour les services de renseignement occidentaux. D'ailleurs, selon "Le Figaro", les troupes d'élite du GIGN se sont entraînés à intervenir sur un Eurostar et sur un Thalys, en avril 2013.
Face à une telle menace, le personnel des transports ferroviaires clame son impuissance. "Sérieusement, comment voulez-vous qu'un conducteur de train, d'un métro ou d'un bus, puisse prévenir une telle attaque, ou y mettre un terme ?", confie à France 24 un employé de la RATP, sous le sceau de l’anonymat. "Faute de contrôle poussé des individus et des bagages, seul le scénario miraculeux du Thalys peut sauver des vies, dans le sens où seuls des usagers courageux peuvent intervenir dans les wagons." Et d’ajouter que son argument ne tient pas dans le cas d’un engin explosif déposé à l’intérieur d’une rame, dans la mesure où aucune intervention humaine ne pourrait éviter un carnage.
Pour Jean-Charles Brisard, "la question n'est pas nouvelle, la France ayant vécu des attaques dans les années 1980 et 1990 [les plus tristement célèbres étant l'attentat du Capitole, dans un train reliant Paris à Toulouse en 1982 et les attentats dans le RER à Paris en 1995 et 1996, NDLR] qui visaient spécifiquement les transports en commun".
itSi les transports ferroviaires n’ont pas été récemment été visés par des attaques terroristes en France, les attentats islamistes de Madrid en 2004, qui avaient touché plusieurs gares simultanément, dont celle d’Atocha, et avaient provoqué la mort de 191 personnes. À Londres, en 2005, des attentats avaient frappé des trains et un bus, ôtant la vie à 56 personnes.
Les autorités françaises s'efforcent de se montrer rassurantes sur cette question. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé ce samedi avoir "envoyé un télégramme à tous les préfets", pour leur rappeler "les principes de vigilance et de surveillance des gares et de leurs abords sur l’ensemble du territoire national, déjà décidées dans le cadre du plan Vigipirate". Il a également assuré être en contact avec ses homologues européens dont les pays partagent des liaisons ferroviaires avec la France, "afin de renforcer les dispositions déjà prises relatives à la sécurité dans ces trains."